lundi 29 juin 2009

Cauchemars.

26/06/2009

Fini ! Marre, il était épuisé. Kurt remit son manteau sur ses épaules et quitta le "cours" magistral de Néro pour retourner à l'auberge. Les autres ne tarderaient pas à le suivre, de toutes manières. Une fois rentré, il s'assit à la table, laissa tomber sa tête dessus et attendit. Ils arrivaient les uns après les autres, comme une procession de visages mornes, mais peut-être était-ce seulement à cause de leur état de fatigue. Peut-être était-ce aussi parce qu'en ce moment, tout lui semblait gris et triste. Foutu climat. La pluie était s'était calmée, mais continuait à tomber, et pour ne rien arranger, il se savait condamné à mort autant que condamné à ne plus tuer, et cela le désobligeait. Au fond, il aimait bien ce monde, et aurait souhaité le quitter le plus tard possible.
Aussi fit-il la gueule pendant tout le repas, n'écoutant pas trop ce qui se disait. Franz parlait beaucoup, d'une voix forte et gracieuse, montrant sans doute qu'il avait de la conversation. La seule chose qui égaya sa soirée, ce fut quand Paola lui chuchota à l'oreille qu'elle avait oublié une chose : elle ne considérait évidemment pas comme un meurtre un homicide commis en légitime défense. Ça, c'était une bonne nouvelle ! Il n'avait donc plus qu'à se faire agresser, et c'était tout bon !
Après le repas, électrisé par ce qu'il venait d'entendre, Kurt prit ses affaires, sa collection d'armes, et descendit. Tout ce qu'il avait à faire, c'était provoquer quelqu'un ! Hélas, alors qu'il s'apprêtait à partir, le tenancier le retint. Où est-ce qu'il allait ? Ne savait-il pas qu'on ne devait pas sortir la nuit, par ici ? Eh bien, parce que c'était comme ça, il comprenait cet étonnement venant d'un étranger, mais on ne sortait pas la nuit si on tenait à sa peau. Non, c'était pas par peur de quoi que ce soit, mais quand on retrouvait les noctambules, c'est à dire rarement, c'était en plusieurs morceaux, et jamais entiers. D'ailleurs, son ami, là, il était sorti une demi-heure auparavant, et il vaudrait mieux pour lui qu'il rentrât en vitesse, s'il ne voulait pas trouver porte close. C'était vraiment frustrant, et en plus, cet imbécile ne voulait même pas cracher le moindre renseignement supplémentaire sur la menace qui rôdait au-dehors. Kurt l'aurait bien torturé un peu, pour vérifier et pour ne pas perdre la main, mais c'eût été imprudent, et pas très discret.
Dépité, il remonta donc les escaliers et remonta dans le dortoir. Cette pièce comportait, en plus des lits et des dormeurs, deux entrées, dont celle qui donnait sur la cage d'escalier d'où il arrivait. L'autre ouverture menait aux chambres. Soudain pris de curiosité, il s'y dirigea pour écouter aux portes. Première porte, rien, deuxième porte, des ronflements, troisième porte, ah ! Tiens, on s'éclatait, là-dedans. Kurt grimaça. Ça le foutait en rogne qu'on pût s'envoyer en l'air alors que lui-même n'avait pas droit à son calmant personnel. Absolument convaincu qu'en pareil cas le bonheur d'autrui ne pouvait être qu'illégitime, il cria, en imitant maladroitement mais du mieux qu'il pouvait la voix de l'épouse de l'aubergiste qu'on allait cesser de faire du bruit, ho, parce qu'il était temps de dormir, dediou !
Puis, dans une colère qui aurait été noire si elle n'avait pas été fortement diluée dans la peur, il retourna au dortoir et se glissa dans son simulacre de lit. De quoi avait-il peur ? Eh bien, tout simplement, il venait de réaliser qu'il avait peut-être réveillé Myllenia, ou pire, dérangé ! Si elle avait reconnu sa voix... Après plus d'une heure de profonde inquiétude, il la chassa de ses pensées et parvint à s'endormir.
Mais au cœur de la nuit, il se réveilla brusquement, et regarda autour de lui. Dans le lit voisin, Virgil semblait désseché, ridé comme un vieux cadavre, ou comme un raisin sec, selon l'image que l'on préfère. Kurt sauta de son lit. Tous ceux qui dormaient étaient dans le même était que son regretté collègue. Que se passait-il ? Il étrait presque nu, vêtu seulement d'un pagne et de bijoux dorés, des bracelets et une sorte de collier scintillants. Avant qu'il ne pense à se demander d'où venait la lumière qui faisait scintiller ces ornements, une apparitions le fit sursauter. C'était un homme habillé exactement comme lui, qui demanda d'un ton suppliant "Pardonnez-moi... pardonnez-moi..." Le tueur blond paniquait sérieusement. Mais qu'est-ce que c'était que ce type ?! "Pardonnez-moi, par pitiééé, j'ai cru bien faire, c'était pas ma faute !
- Je vous pardonne ! répondit Kurt, c'est bon, je vous pardonne tout ce que vous voulez, mais ne m'approchez pas !" Il défit pagne et ceinture, et les noua de manière à se faire un substitut d'arme de chiffonnier. L'homme (que j'imagine halé, mais je ne crois pas que cela ait été précisé... simplement, quand on me dit pagne + bracelets en or, je vois des égyptiens.) se jeta alors sur lui, et commença à se creuser de rides causées par la déshydratation. Kurt le repoussa et, affolé, courut vers la sortie du dortoir. Mais quelle sortie ? La porte des chambres, ou celle des escaliers ? Il se rua vers celle des chambres, et en actionna la poignée. Et merde, verrouillée ! Kurt jeta un regard derrière lui, l'autre le suivait. Vite, défoncer la porte ! C'est à ce moment-là qu'il remarqua qu'il n'y avait plus de poignée, et que la porte était peinte sur le mur. (MJ : "en trompe-l'oeil" ) Un instant, stupéfait, il la regarda sans rien faire. "Pardonnez-moi" cria quelqu'un, juste derrière lui, le tirant de sa torpeur. Il courut sans même regarder par-dessus son épaule vers la porte de l'escalier, qui s'ouvrit immédiatement. Dans son dos, l'homme était toujours à sa poursuite, c'était sûr, et Kurt s'engouffra dans la cage d'escalier, courant du plus vite qu'il le pouvait. Il était complètement paniqué, incapable de retrouver son calme et pour ne rien arranger, l'escalier semblait ne pas avoir de fin ! Les marches se succédaient sans que jamais n'apparaisse la dernière. Sautant, il perdit l'équilibre et chuta brutalement sur les pierres anguleuses. Endolori, il se redressa péniblement et releva le chef. Quelques marches plus haut, l'individu en pagne secoua la tête et lui demanda d'une voix toujours aussi larmoyante de le pardonner, il ne l'avait pas fait exprès, c'était pas sa faute.
Avec les ailes que lui donnaient la trouille, Kurt se releva et recommença à dévaler l'escalier. Bientôt, son pied finit par se poser sur une marche inexistante, et il tomba dans le vide. L'obscurité au fond, la lumière ne haut. Devinez dans quel sens l'entraînait la gravité. Pestant hurlant, Kurt se pinçait les bras aussi fort qu'il pouvait, mais il n'y avait rien à faire, et il ne parvint qu'à se faire mal. La chute lui sembla infinie, mais elle eut tout de même une fin, sinon ça n'aurait pas été drôle.
Il était tombé sur un tas de cadavres similaires à ceux qui se trouvaient dans le dortoir. Il y en avait partout, à perte de vue. À côté de lui, il y avait le même homme, qui lui demanda de le pardonner, encore une fois. Perdant toute raison, Kurt le frappa avec son pagne, en hurlant "je te pardonne, je te pardonne !" et le pruneau d'Agen qui lui servait de cible se désagrégea, lâchant de gros bouts de barbaque à chaque coup. Presque entièrement nu, il courait dans tous les sens, cherchant désespérément une sortie, alors que les autres corps commençaient eux aussi à se liquéfier. Il s'enfonçait, mais parvenait à surnager dans cette mélasse de chair fondue en se débattant furieusement. Il atteint une paroi à laquelle il put s'agripper, imparfaitement, mais c'était toujours ça de pris.
Soudain, une corde tomba du plafond. Kurt réfléchit à toute vitesse. S'il l'attrapait, il allait sans doute crever ; s'il ne l'attrapait pas, il allait sans doute crever. Dans le doute, il l'attrapa en se jetant dessus. La corde sursauta, comme si le pêcheur qui l'avait lancée avait ferré son poisson, et on commença à le hisser. En haut, il y avait de la lumière : une ouverture ! Il montait et montait, et finit par l'atteindre. Un colosse l'y attendait. (MJ : "du gabarit du maître d'armes." ôO) Ce dernier lui annonça avec sérieux qu'il ne fallait pas manger trop de viande, et de manière générale, éviter les aliments trop gras. L'important, surtout, c'était que le tout soit bien équilibré.
C'est à ce moment-là qu'il y eut un flou, et qu'il ouvrit les yeux. Au début, il ne comprit pas que la paroi noirâtre qu'il voyait était en fait le plafond du dortoir. Il se leva, en sueur, et réveilla les autres, pour leur raconter qu'il avait fait un cauchemar super-réaliste. Ni Nalya ni Néro n'étaient là, mais il se rendit compte au fur et à mesure qu'il parlait que, heu... il passait pour un con. Heureusement pour lui, Virgil les informa d'une voix hésitante qu'il entendait, en ce moment, des voix, et que ça lui disait quelque chose, quelqu'un qui demandait à ce qu'on lui pardonne. Enfin, il y en avait beaucoup, et la grande majorité d'entre elles étaient en langues étrangères, mais il lui semblait bien avoir déjà entendu ça... D'ailleurs, à ce propos, il avait aussi entendu parler une vieille femme réclamant son bébé... Quoi ? Et c'est maintenant qu'il le disait ? Oui, mais... on verrait ça le lendemain matin, de toutes façons.
Kurt retourna se coucher en même temps que les autres, en jetant au passage un regard mauvais à Myllenia et Franz qui retournaient dans la troisième chambre. Il ne parvint néanmoins pas à s'endormir. Trop éprouvé, trop traumatisé. Dès qu'il fermait les yeux, il voyait des cadavres à tête de pruneau.
Super nuit.

Nalya se réveilla brusquement. Il y avait du bruit à l’extérieur de la roulotte. Elle jeta un regard autour d’elle, et s’aperçut qu’elle n’y voyait rien. Depuis le temps, elle s’était accommodée à ne plus être gênée par l’obscurité… Comment se faisait-il que cette magie ne fonctionnât plus ? Elle toucha du bout des doigts les objets qui se trouvaient à l’intérieur. Apparemment, tout était en place. L’or, les diamants… rien ne manquait.
Alors, inquiète, elle tenta de communiquer avec Néro, qui se trouvait hors de la grange, sur le toit d’une maison, et qui était censé surveiller l’entrée. Pas de réponse. L’attache mentale était toujours fixée sur lui, mais c’était comme s’il n’avait pas voulu répondre. Merde alors, c’était quoi, ça ? Que se passait-il ? Elle s’approcha de la sortie, et regarda par l’entrebâillement. Il y avait un feu, et quelqu’un qui pleurait, mais le foyer était placé de telle manière que la silhouette, derrière, n’était pas nette.
Comme dans un rêve, Nalya descendit de l’endroit où elle dormait, et s’approcha lentement de la silhouette. Les flammes projetaient autour d’elles un cercle de lumière, mais tout le reste de la grange (était-ce bien la grange ?) était recouvert d’angoissantes ténèbres. Celle qui pleurait était une femme aux longs cheveux noirs. Comme Nalya s’approchait, elle releva la tête, et la supplia d’une voix déchirante « Peignez-moi… Peignez-moi… » en lui tendant un peigne.
Quelque peu apeurée, Nalya se saisit de l’ustensile et lissa le poil de cette folle. Du moins essaya-t-elle, car cette crinière était emmêlée de telle sorte qu’il aurait été impossible d’assouplir quoi que ce soit. Les nœuds étaient trop nombreux, elle ne pourrait faire mieux que de casser le peigne. D’un point de vue pratique, la meilleure solution en pareil cas aurait été de tout raser et d’attendre que cela repousse, mais peut-être désobligerait-ce cette, heu… cette charmante jeune femme. Dans la roulotte, il devait bien y avoir de l’eau et du savon. Pourquoi ne pas essayer ? Attendez une minute » déclara-t-elle en tournant les talons, avant de revenir avec un seau et une savonnette. Il fallait commencer par humidifier. Elle saisit les cheveux et les imbiba d’eau.
Un instant, elle ne comprit pas ce qui se passait, et puis la métaphore adéquate lui vint à l’esprit. Chaque goutte d’eau parvenant au contact de la chevelure noire faisait le même effet qu’une goutte d’huile en feu. Déjà, la chaleur ignée dévorait le visage de la femme. Nalya recula devant ce spectacle terrifiant. Les flammèches révélèrent le crâne sous cette peau brûlée, et la chose se tourna vers elle pour lui dire d’une voix d’outre-tombe « ça va se payer … »
Nalya se prit à penser un instant qu’au moins, tous ces problèmes de cheveux étaient résolus, et c’est à ce moment-là que l’évidence s’imposa à elle : cette étendue noire qu’elle voyait là, c’était le plafond de la roulotte. Les rainures du bois et le trou fait par Néro ne laissaient planer aucun doute. Les rainures du bois ? Elle les voyait ? Dans ce cas… Néro ?
Oui ?
Tu n’as rien vu entrer dans la grange ?
Ben non. Tout ce que j’ai vu, c’est Franz qui sortait de l’auberge, tôt ce matin.
Tôt ce matin ? Il est quelle heure ?
Un bon huit heures et demie, pourquoi ?
Sans répondre, elle se leva et sortit de l’habitacle, encore hantée par des scènes de cette vision. Elle fut presque surprise de ne pas trouver la lumière rougeoyante du feu, en sortant. C’était plus vrai que nature, tout de même. Et il y avait de troublantes similitudes avec ce qu’avait raconté Pernilla, ou Paola si ça pouvait lui faire plaisir, quelques jours plus tôt. Enfin bon, ça sentait la même odeur que ce pays : c’était suspect.
Elle alla prendre le p’tit déj’ à l’auberge avec les autres, et apprit là-bas que Kurt avait lui aussi fait un genre de cauchemar pendant la nuit, mais surtout que Virgil avait entendu ces voix étranges lui réclamer un bébé, un pardon ou un coup de peigne… Enfin, pour le coup de peigne, il était pas sûr, mais c’était bien possible. Il ne pouvait pas se souvenir de toutes les voix, d’autant plus que celles-ci étaient en langue étrangère, le plus souvent.

Il fallut repartir dans la matinée. On allait cette fois en direction de Torda, pseudo-capitale du Moth, et il y en avait pour deux bonnes semaines. Pour passer le temps, Nalya lisait un livre sur les contes et légendes locaux, ce qui lui faisait encore plus appréhender l’endroit. C’était super flippant, en fait. Pour arriver à Torda, il y avait la route normale, qui contournait la forêt des Cordes, et il y avait aussi le raccourci, qui consistait à passer au travers. Elle conseilla immédiatement à ses compagnons de passer par la route normale, et d’enterrer là toute leur impatience, faute de quoi ils pourraient bien se retrouver enterrés tout entiers là-dedans.
La forêt des Cordes tirait son nom de lianes caractéristiques qui pendaient aux branches de ses arbres, et ressemblaient à, devinez quoi, des cordes. Ce n’était pas la question d’être superstitieuse ou non, mais il était hors de question qu’ils rentrassent là-dedans, pour la bonne et simple raison qu’il était incertain qu’ils en sortissent.
Alors, ils contournèrent la forêt, mais firent sur le chemin une étrange rencontre. Un homme en vêtements usés avançait en traînant des pieds, venant d’en face. Nalya lui demanda ce qu’il faisait là, mais il répondit dans un grognement inintelligible, que Kurt traduisit comme « il faut fuir, ils vont me rattraper, etc. » Mais que fuyait-il ? À cette question, il répondit dans une langue qu’elle identifia comme étant du Tarrazv, et que le tueur transposa de la sorte : « Les morts vont vite ! Les morts vont vite ! », puis « Ils ont tué mon épouse, mes enfants, et même mes bêtes ! Je dois fuir ! »
Cet homme s’écroula de fatigue à côté de la roulotte. Visiblement, il n’avait ni mangé, ni dormi, ni cessé de forcer la marche depuis plusieurs jours, et était tout simplement exténué et affamé. Elle plongea dans ses pensées. C’était pas joli-joli. Encore un truc qu’elle aurait du mal à oublier. Tiens, un chien mort. Il y avait la tête, mais le corps n’était qu’un tas de tripes sanguinolentes. Oh, et puis, tant qu’à faire, des cadavres d’enfants mutilés. Une ferme. Un hameau. D’autres cadavres. Quelqu’un criait, mais elle n’aurait su dire si c’était l’homme ou si cela venait d’ailleurs. Le hameau se trouvait un peu à l’écart de la route, peut-être que cela vaudrait le détour ? Dans son esprit, il ne faisait aucun doute que c’étaient les morts qui avaient tué ses proches, ni qu’ils le poursuivaient inlassablement depuis trois jours.
Il était évanoui. Nalya descendit de la roulotte avec Néro, et lui demanda d’aller chercher du bois à la forêt proche. Une fois qu’il fut parti, elle changea d’avis et se concentra un moment. Les autres continuaient à avancer, sauf Pernilla, qui avait stoppé son cheval et la regardait avec curiosité. Dans sa tête, la mentaliste était en train de visualiser les moindres détails de ce qu’elle comptait faire, et lorsqu’elle fut à peu près prête, déclencha son pouvoir. Des colonnes de terre sortirent du sol, et prirent en quelques secondes la forme de murs et d’un plafond. Elle avait fabriqué un abri, à l’intérieur duquel se trouvaient le pauvre hère, des rations pour survivre et une couverture. Seule un petit trou laissait filtrer un rai de lumière, et un des quatre murs était plus fin que les autres, pour qu’il puisse sortir. À l’intérieur, il y avait même des dessins sur les parois pour l’aider à trouver le bon endroit.
Satisfaite, et après avoir dit à Néro que finalement non, il n’y avait pas besoin de bois, elle regagna la caravane. Cette fois, elle avait vraiment pensé à tout.
Deux cent mètres plus loin, une petite pluie fine commença à tomber, puis grossit progressivement jusqu’à correctement tremper tous les voyageurs. Là-bas, derrière eux, il était bien à l’abri, et cela la rassérénait.

Suite de suite. Je l’ai toujours dit, les accidents les plus horribles sont souvent les plus bêtes.
Terre + eau = boue, hmm ?

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