lundi 14 décembre 2009

Acte générateur : transmettre l'étincelle de Feu divin






Louisiane, Nouvelle-Orléans

Centrale électrique de la ville
1:12 AM

J'ai presque réussi. Jusque là tout s'est correctement déroulé à quelques imprévus près. J'ai réussi à convaincre les vampires de m'aider. Leur soutien m'a été précieux. Sans eux, je n'aurais jamais pu être prêt pour cette nuit.

Je me suis installé dans la salle des générateurs avec David et Mulder. George est resté dehors, sans doute occupé à un travail quelconque. Les vigiles de nuit ont été écartés de l'opération, enfermés dans une salle non-loin. Personne ne nous dérangera maintenant.

Devant, sur un sac de morgue ouvert, un cadavre repose à même le sol. Le corps de Linny... Non, ce n'est plus Linny. Plus exactement. Si elle se réveille comme je le prévois, elle ne sera plus la même. Comme moi, elle sera une prométhéenne. Une Créée. Ma progéniture. Une compagne de ma race. Bien des mois auparavant, je n'aurais jamais pu. Un tel blasphème... Donner la vie à un corps décédé, trépassé... J'ai toujours su que ce ne serait qu'une hérésie. Mais... Je pensais également pouvoir supporter cette solitude qui étreint mon cœur... À tort. Parfois, ces derniers jours, je me disais, dans quelques moments d'errances et de décrépitude mentale, que mon Pèlerinage n'est rien de plus qu'un sentier confus menant à une destination incertaine. Quels ont été mes espoirs ? Devenir humain ? Ma conceptrice m'en avait longuement parlé. D'après elle, franchir toutes les étapes de son Pèlerinage personnel menait à une transformation alchimique. La chair morte se transforme en organe vivants et en muscles nouveaux. Le Feu Divin se transmute en âme humaine... Le plomb que nous sommes se change en or qu'est l'humanité.

Je m'avise tout à coup que je pense à ma conceptrice. Mon cœur se resserre. Comment pourrais-je lui faire confiance ? Elle qui m'a créé par unique égoïsme ! Elle savait pertinemment qu'elle me condamnait en me donnant la vie. Je n'existais que pour qu'elle puisse devenir humaine. Elle n'est pas digne de confiance et ses théories farfelues sur l'alchimie de l'âme ne me disent rien qui vaille. Il est clairement impossible qu'un Créé puisse devenir humain. Nous sommes des monstres et mêmes les créatures que l'Homme qualifie de monstre se méfient de moi. Je me souviens toujours du regard que m'ont lancé mes amis vampires quand ils m'ont vu sous mon véritable aspect pour la première fois.

Sinon, il me restait bien un autre espoir : celui de devenir fort. Suffisamment fort pour que l'on puisse m'accepter. À la manière des héros d'antan : Héraclès, Samson, Béowulf... Mes aptitudes de prométhéen devaient me permettre de gagner l'admiration d'autrui. Mais ce chemin me semble au moins aussi brumeux que celui choisi par ma "mère". Je dois le reconnaitre, je divaguais. Je suis une créature monstrueuse qui n'aurait jamais dû exister. Les humains se méfient de moi. Leur instinct leur dit la vérité. Ils répriment leur sixième sens, habitué à combattre les pulsions qui sont contraire à l'éthique de l'homme civilisé. Mais plus le temps passent, plus leur instinct se fait de plus en plus présent dans leur esprit : je suis une aberration qu'il faut combattre à tout prix. Je ne suis que source de malheurs et de tourments. Certains m'ont fui en poussant des cris de terreur. D'autres m'ont menacé.

Les vampires ont beau tolérer ma présence, ils n'en sont pas moins comme des étrangers pour moi. Et ce sentiment doit être réciproque. Ils vivent uniquement la nuit quand je marche aussi bien sous la lune que sous les rayons du soleil. Leurs forces décroissent s'ils ne se nourrissent pas de sang humain. L'énergie du Feu Divin devient de plus en plus puissante en moi à chaque nouvelle aube. Les vampires se mêlent aux humains et certains ont même acquis des capacités leur permettant de les dominer et de gagner leur confiance. Moi, les humains me fuient et cherche à échapper à ma présence.
Mais surtout, les vampires possèdent des compagnons congénères. Le fait m'a frappé quand j'ai rencontré les maîtres de David, George et Clark. Mon raisonnement s'est étayé quand j'ai conversé avec un puissant vampire haut-placé, bras droit de l'énigmatique prince vampire de la Nouvelle-Orléans. Les marcheurs de la nuit, buveurs de sang, possèdent toute une société. Ils ont de nombreux compagnons. Ils vivent groupés ensemble, soudés par des traits raciaux communs. Mais moi ? Moi ? Moi, je suis seul ! Personne à qui transmettre mon expérience de Créé. Personne qui puisse comprendre ce dont je parle quand je décris les flux qui parcourent mon corps, le Feu Divin qui se raffine, l'humeur qui circule dans mes veines... Personne pour partager les secrets des transmutations alchimiques dont je suis capable. Je suis le seul parmi mes compagnons de route qui sache exactement ce que ça fait que d'être... un prométhéen.

En vérité, je dois me contenter de la présence d'êtres qui me sont à la fois proches et étrangers. Cette ambiguïté me dérange profondément. Mes amis vampires et les humains qui vivent près de moi sont comme des proches que je connais mal ou bien des étrangers qui me sont familiers. C'est si déroutant et aliénant... Parfois, je crains d'être à deux doigts de la Tourmente qui guettent tous les Créés. Je pourrais très bien déchirer les fils de suture qui séparent en deux ma poitrine pour ouvrir mon corps et laisser s'échapper le feu volé que je transporte en lieu et guise d'âme. Mais ma vie m'est trop précieuse. C'est le seul bien que je possède réellement.

Si je voulais vaincre cette solitude oppressante, le plus simple était bien évidemment de trouver d'autres enfants de Prométhée. Mais nous sommes si peu nombreux ! De toute ma vie, je n'ai jamais connu que deux semblables. Deux seulement. Ma créatrice. Si seulement je savais son nom. J'ai beau la maudire de toutes mes forces, elle n'en est pas moins ma "mère" et une congénère. Je ne puis lui faire confiance. Quelque part, au fond de moi, je trouve toutes les raisons de la haïr. Si elle m'avait créé pour être aimé, j'aurais été heureux. Mais elle m'a conçu uniquement pour me délaisser et m'abandonner. Je la détesterais toujours de toutes mes forces tant que cela me sera possible. J'espère secrètement la revoir un jour pour lui faire comprendre toute la rancœur que je ressens.
Puis il y a eu Phébus. Ô Phébus ! Pourquoi m'avoir abandonné ? Toi qui semblait si seul également. Tu m'avais tout de suite identifié, à New-York, quand nous avons chacun perçu l'Azote de l'autre. Phébus le beau, tu m'avais approché sans crainte. Tu connaissais bien mes problèmes et les doutes qui m'assaillaient. Tu étais toi aussi en Pèlerinage. Nous avions chacun échangé nos expériences et raconté notre Errance. Là, sous les étoiles, tu m'avais informé des périls que risquaient ceux de notre race. Comme les pandoréens, monstres affamés de Pyros, parodies grotesques des Créés. Tu m'avais écouté sans rien dire, sans jamais te lasser, sous la nuit de New-York. Tu m'avais informé des Raffinements. Les méthodes employées pour purifier notre Feu Divin. C'est toi qui m'avait appris que j'étais un Titan ou encore un Ferrum. Un de ceux qui suivent la philosophie du fer. Mais toi, tu désirais ardemment te fondre parmi les humains, suivant ainsi la philosophie de l'or ou encore de l'Aurum. Puis nous étions endormis sur le toit d'un des innombrables grattes-ciel de la mégalopole. Le soleil s'était levé, teintant l'horizon d'un rouge orangé. Mais je m'étais réveillé seul. Tu étais parti. Ô Phébus, étais-tu proche de l'accomplissement ? Ton Pèlerinage s'achevait-il ? Pour toi, j'aurais bien voulu croire. Croire à ce rêve, absurde mais si beau, où les Créés se voient offrir la chance de devenir humains. Pour toi, j'aurais eu la foi. Pour toi, j'aurais pardonné à quiconque m'a fait du mal. Mais tu m'as abandonné. Mon cœur, mon esprit, mon Feu Divin et mon être tout entier sont incapables de ressentir la moindre rancœur envers toi. Mais mon espoir s'est corrompu.

« Ô Phébus ! pensé-je tout bas en ravalant un sanglot. Que penserais-tu si tu me voyais ? »
Me voilà réduit à essayer de tromper la solitude en créant une autre prométhéenne. Mon esprit a-t-il craqué ? Quand j'ai eu le triste privilège de voir le corps démembré de Linny suite à une explosion, j'ai senti que si j'avais eu une âme à ce moment précis, elle se serait fissurée. Elle qui était si vivante quelques heures plus tôt ! Elle avait été pris dans une histoire qui ne la concernaient même pas. David, George, Clark et Mulder ; tout le monde avait essayé de la protéger tout en lui cachant l'horrible vérité. Ils étaient devenus des vampires. Et voilà, qu'elle avait dû payer de sa vie un secret qu'elle ne connaissait même pas. La vampiresse qui était responsable avait fini par payer pour cet acte odieux et aveugle. Mais ce châtiment ne saurait ramener Linny à la vie. Moi, je pouvais faire quelque chose. J'ai donc fait un choix. Ce n'est pas vraiment Linny que je m'apprête à éveiller. Sa mémoire sera effacée, mais elle vivra. Ce sera juste comme si elle était devenue amnésique. Je le souhaite vraiment. J'ai donc récupéré la dépouille mortelle de la jeune fille. Puis pour préparer la création d'une prométhéenne, j'ai été cherché d'autres corps d'enfants de son âge. Des enfants morts tragiquement. La somme de leurs membres et organes va former un être nouveau à qui j'insufflerais la vie. J'en suis sûr dorénavant : les enfants décédés continueront à vivre à travers cette nouvelle personne. Je leur offrirais l'Espoir. Et je ne serais plus seul. C'est la situation idéale. Ma progéniture se tiendra à mes cotés tandis que je regarderais l'horizon avec une flamme nouvelle dans l'œil. J'ai déjà pensé à son nom : Cathy. Je l'appellerais Cathy. Elle sera la fille idéale qui me tiendra compagnie. Ensemble, nous ne serons plus seuls.

Ma main tremble alors que je vérifie les derniers préparatifs. Soudain Mulder me tire de ma rêverie.
« Tiens, dit-il en me tendant une substance visqueuse à deux mains. »

C'est le cerveau. Mulder m'a rendu un grand service en me trouvant l'organe manquant à ma création. Le seul que je n'avais pas pu me procurer moi-même en état correct. Je saisis délicatement la matière grise, siège de l'intelligence. Je commence tout de suite à disposer l'organe encéphalique en place tout en connectant les nerfs optiques et auditifs à l'aide d'agrafes. Il coïncide tout juste avec la boîte crânienne. C'est l'idéal. Ensuite, je fixe le sommet du crâne pour sceller le tout, toujours avec des agrafes. Puis, la tête est enfin complétée quand je rajoute le cuir chevelu provenant de Linny afin de dissimuler l'os. Je profite de quelques secondes pour contempler l'ensemble de mon ouvrage. À première vue, ce n'est qu'une poupée macabre grotesquement maintenue en l'état à l'aide de fil de suture et d'agrafes. Tout le monde se serait offusqué à la vue de cette aberration. Pas moi. Je suis allé jusque là et je n'ai pas l'intention de défaillir maintenant. Je sais que, lorsqu'elle recevra le Feu Divin, elle aura l'air d'une humaine aux yeux de tous, excepté moi et les autres prométhéens.

David pousse un petit soupir. Il a beau avoir vu bien des choses étranges ou gênantes, même en tant que vampire, il doute du bien-fondé de l'opération. Ou peut-être doute-il de la réalité de ce qu'il voit. Il est devenu un buveur de sang depuis peu et il reste sans doute encore beaucoup d'humanité en lui. Il regarde la scène d'un œil critique.
En revanche, Mulder reste impassible et contemple le spectacle avec un regard impénétrable.

« Le corpus est prêt, dis-je en chuchotant. Il me faut ensuite lui attribuer de l'humeur... »

Le fluide vital des Misérables qui partagent ma lignée, descendante de Frankenstein, est l'humeur colérique, soit la bile jaune. Avec un scalpel précis, je m'ouvre péniblement l'abdomen et cherche le foie. Une fois l'organe localisé, je l'incise délicatement pour récupérer de la bile que je déverse par poignées dans la gorge ouverte de ce qui sera Cathy. Une fois que j'ai donné suffisamment de liquide, je referme la gorge et je me dirige vers les générateurs. La suite du protocole requiert une exposition à un élément bien précis. Une quantité énorme d'électricité. C'est pourquoi nous nous sommes installés dans une centrale électrique. Dans la salle des générateurs se trouvent les câbles haute-tension. L'électricité est un conducteur puissant du Feu Divin, l'énergie qui fourmille dans le corps de tout prométhéen. Après avoir découpé la gaine en caoutchouc du câble, j'en profite pour me soigner. Le contact de ma paume avec le câble nu me revigore et restaure ma santé qui avait été mise à l'épreuve ces derniers jours. Mes plaies se referment toutes, y compris celle que je m'étais faite sur l'abdomen pour extraire la bile.

Je regarde à présent Mulder et David, témoins muets de la scène. Ce qui va se passer est primordial. Je ne suis pas sûr de vouloir qu'ils restent. Après tout, moi-même je ne suis pas certain de ce qui va se produire.
« Pourriez vous m'attendre dehors, s'il vous plait ? je demande.
-Pourquoi ? lâche David.
-J'aimerais être seul... Il s'agit de se concentrer...
-OK, moi je vais dehors, déclare Mulder.
-Qu'est-ce qui se passera si tu rates ton coup ? demande tout à coup David. »
Je préfère ne pas répondre à cette question qui, au fond de moi, blesse silencieusement.
Il enchaine quelques secondes plus tard :
« C'est dommage, j'aurais voulu voir comment ça se passe. Voir si tes promesses de ressusciter Linny n'étaient pas du vent. »
Je n'ai pas le cœur d'insister dans mon exigence. Après tout, il m'a fourni une grande aide et je lui dois beaucoup.
"D'accord, tu peux rester..."

Je respire profondément ; l'instant à la fois espéré et redouté est proche.
"Vient maintenant l'étape de l'électricité. Et que je transfère le Feu Divin."

Je pose une main sur le cou de Cathy. Mes doigts entrent en contact avec les éléments métalliques que j'ai implanté à la base du cou. Le métal est censé faciliter le passage de l'électricité. Puis je pose lentement ma main droite sur le câble récemment dénudé. Instantanément, l'électricité afflue en quantité incroyable. Le flux parcourt mon corps et le traverse pour aller visiter celui de Cathy. J'utilise alors le courant électrique pour diffuser une petite quantité d'Azote. Un peu comme si je lançais une bûche dans une rivière pour qu'elle descende le courant, l'étincelle de Feu Divin suit le chemin de l'électricité pour pénétrer le corps sans vie de ma création. Quand l'opération est terminée, je lâche le câble et le cou de Cathy, puis je recule. L'instant de vérité est là, invisible mais fatidique.

Nous restons immobiles pendant un temps infiniment long. David fixe le cadavre assemblé avec un mélange de curiosité et de scepticisme tandis que je prie nerveusement pour le succès de cette dernière étape.
"Nous voilà rendus au Jugement, dis-je en murmurant tout bas."

Sous le corps, invisible et imperceptible pour les humains et les vampires, les résidus d'électricité chatouillent le corps, animés par l'Azote. L'énergie du Feu Divin a été introduite de force dans le corps. Comment tout cela va-t-il se finir ? Impossible de prévoir les conséquences de mon acte. Ô Phébus, ai-je commis une erreur en plus d'un péché et d'un blasphème ?
Je devine le crépitement des énergies sous la peau de Cathy, toujours endormie. Les éléments doivent entrer en réaction les uns les autres. C'est tout un procédé alchimique complexe qui se joue, silencieusement, de manière imprévisible. Le corps cousu et assemblé est comme un récipient dans lequel on aurait versé tous les ingrédients d'une potion magique. Mais réagiront-ils comme il le faut ? La "potion" sera-t-elle un succès ?

Les secondes passent, toutes aussi graves que les jurés d'une cour de justice. Finalement, au terme d'un long moment, la poitrine de Cathy commence à se soulever. David, toujours assis sur une table avec les bras croisés, écarquille les yeux tandis que je soupire de soulagement. Je commence à m'approcher de Cathy. Je frémis d'avance à tout ce qui m'attend. Commencer par la rassurer. La prendre en charge. Tout lui expliquer calmement quand elle sera stable. Soudain, le corps se déforme et se disloque de manière quasi-instantané. Sous mes yeux horrifiés et choqués se constitue ce que j'avais redouté : la silhouette de ce qui devait être Cathy se recroqueville et adopte une forme monstrueuse qui n'a plus rien à voir avec les vampires, les prométhéens ou même les humains. "Cathy" est devenue une caricature, un monstre hideux. Le cauchemar est devenu réalité : j'ai créé un pandoréen.

David décroise les bras et contemple sans rien dire la créature vaguement humanoïde qui se redresse d'elle-même. Est-il choqué ? Surpris ? Je ne saurais dire. Mais il n'est certainement pas aussi affecté que moi. Je sais maintenant que j'ai échoué. J'ai créé un monstre affamé, incapable d'aimer ou d'exprimer des émotions. C'est une aberration. J'en suis le seul responsable. Toute l'opération a été un désastre. Et je dois maintenant assumer seul les conséquences. L'être difforme s'approche de moi et tente de me griffer. Je ne saurais détailler son apparence tant je la fuis du regard. Mes doigts se resserrent sur sa nuque et je commence à la broyer lentement. La chose se débat frénétiquement. Est-elle capable d'avoir peur ? J'en doute. Mes doigts s'enfoncent davantage alors que mes bras soulèvent au dessus du sol l'atrocité dont je suis le père. Qui pourrait nommer une monstruosité pareille ? Une horreur qui n'est régie que par des instincts bestiaux et destructeurs ? Mes ongles marquent des sillons sur la peau de son cou.
« J'en déduis que c'est un échec, lâche David d'un ton neutre. »
Pourquoi sa voix me parait-elle alors si glaciale et accusatrice ? Je m'en veux tant d'avoir échoué ! Tous mes rêves se sont brisés avec la naissance de ce monstre ! Une larme roule sur ma joue alors que le pandoréen essaie en vain d'échapper à l'étreinte de mes mains.
Finalement, un craquement sinistre se fait entendre, indiquant que ses cervicales viennent de rompre. Je lâche ce qui fut l'objet de mes espoirs avant de me faire goûter la désillusion. La carcasse tombe sur le sol avec un bruit à la fois mat et répugnant. J'essuie discrètement la larme sur mon visage avant que David ne la remarque.
« Et maintenant ? demande mon compagnon »
Je ne prend pas la peine de répondre. Nous nous sommes par trop attardés dans cet endroit. Je ramasse sur le sol le corps du pandoréen ainsi que tout ce que nous avions laissé trainer : le crâne vide d'une fille morte, des outils, et les dernières bricoles qui trainent. Je fourre tout dans le sac de morgue qui sert à transporter les cadavres. Quand tout a été pris, je sors. Je ne m'attarde même pas pour répondre aux interrogations de George et Mulder restés dehors. David prépare sa moto et me demande où nous devons aller.
« Au point d'eau le plus proche.
-Alors ce sera la rivière. Elle est à 50 mètres d'ici. »

Je jette le sac contenant la preuve de mon échec dans le lit de la rivière. Finalement, je détourne le regard et je m'éloigne avec les vampires. Il est temps de rentrer à la maison.

Trois jours passent où je suis incapable de dévisager les gens en face. Au fond de moi, je rumine. Finalement, j'étais plein d'espoirs et de rêves moi aussi. Tout était censé se produire de façon magique. J'aurais eu une compagne, une partenaire, une petite fille à qui transmettre mes pensées et avec qui partager des souvenirs et des émotions. Nous aurions accompli notre Pèlerinage ensemble... Quelle injustice...
Mais... Quelque part, Cathy est morte avant d'être née. Était-ce pour le mieux ? Ou peut-être pas ? Et les anges ? Ceux-là qui m'avaient envoyés en Nouvelle-Orléans, savaient-ils ce qui allait se produire quand ils m'ont ordonné de me rendre en Louisiane ? Est-ce que cela faisait partie de leur plan ? De leur fameux "Principe" ?
Était-ce la volonté du Destin que j'échoue ? Par pitié... Que quelqu'un me le dise !

Au terme des trois jours, je suis sorti prendre l'air. Au fond de moi, cette expérience m'a changé. Je ne sais toujours pas si ce que j'ai tenté de faire était correct. J'ignore encore si mon échec est une bonne ou mauvaise chose. Mais ce qui est fait est fait. Rien ne peut effacer le passé. J'avais de bonnes intentions. C'est ce qui compte. Si l'avenir est écrit, alors il était prévu que j'échoue à créer une compagne. En ce cas, mon destin doit forcément m'orienter vers une autre voie. J'ai bien réfléchi et, bien que je ne croie pas à l'existence d'un futur déjà tracé, il me semble évident que mon chemin doit m'amener à accomplir d'autre chose notamment endurer un peu plus longtemps cette part de solitude qui demeure en moi. Après tout, je suis un Ferrum ; je saurais encaisser bien des blessures, bien des coups. Et si la solitude en fait partie, qu'il en soit ainsi. Je prouverais ainsi ma force jusqu'au jour où mes vœux seront exaucés.



Abel, descendant de la lignée des Misérables
Abel

Jour 6




Un peu avant l'aube, Abel commence à se renseigner un peu. d'abord, il se rend à l'endroit de la mort de Clark. Le fameux immeuble de 6 étages. Des flics sont en activité : il y aurait eu un meurtre. Abel se renseigne auprès d'un des policiers. Grosso modo, ils ont trouvé un mort. Un type qui serait tombé de l'immeuble ? Pas encore sûr... Il a été tué ? C'est très possible... Mais ça aurait pu arriver dans mon immeuble ! Bah, c'est des choses qui arrivent...

L'agent n'est pas très emballé par tout ce qu'il s'est passé et son comportement est à l'image de ce que fait la police : elle emballe le corps (en deux morceaux) dans un papier cadeau pour le médecin légiste, se contente de tracer quelques repères à la craie sur le sol et s'en aller. La mort de Clark ne vaut pas plus qu'un simple déplacement de la police.

Plus tard, Abel se rend là où deux policiers ont été saignés par la vampiresse (très probablement, mais la présomption d'innocence demeure... même dans Monde de Ténèbres !). Cette fois-ci, c'est un véritable déploiement de policiers qui est à l'oeuvre. Quand un flic privé meurt, la police s'en bat les couilles. Mais quand il s'agit de deux fonctionnaires... "Que s'est-il passé ?" "Circulez civil ! Y a rien à voir ! Barrez-vous !"
Pas moyen de leur tirer les vers du nez. En même temps, on sait à peu près ce qui s'est passé... Tiens ! Y a deux policiers qui embarquent la moto (ou ce qu'il reste) de George. C'est vrai, j'oubliai : il faut que je le retrouve ce zigoto. Il est passé où ?

Pendant pratiquement toute la journée, Abel sillonne le quartier pour trouver George. Il faut recouper tous les endroits où un vampire pourrait dormir sans craindre la lumière du jour. Où irait se cacher ce squatteur ? Le prométhéen fouille même deux-trois bennes à ordures assez imposantes, mais, à part quelques cadavres fraichement violés/égorgés/éventrés/mutilés/tout ça à la fois, il ne trouve pas le corps roupillant de son ami. Vers la fin de la journée, après avoir fait les maisons désaffectées, il fouille les égouts. Là encore, y a du boulot.
Abel patauge un bon moment et finit par trouver un George endormi comme une masse, adossé à la paroi des égouts. Maintenant, il s'agit de le transporter jusqu'à la planque habituelle du Créé. Abel tente de soulever George, mais sa tentative étouffe dans l'oeuf à cause d'une écharpe féminine qui le gêne et l'empêche d'avoir une bonne prise en main. George portait une drôle d'écharpe pour femme... Résultat, le vampire léthargique tombe sur la tête et un peu dans les eaux usées. Pas grave, il est déjà mort. Abel le soulève encore une fois et la deuxième fois est la bonne. Faut dire qu'il avait balancé cette foutue écharpe qui le gênait. Pour ceux qui se poseraient la question suivante "Mais comment une écharpe peut-elle le gêner pour porter quelqu'un ?", il faut répondre qu'Abel a pour habitude d'agriper les gens par leurs vêtements, en particulier l'écharpe autour du cou. Celle de George n'était pas bien fixée, ce qui explique cela. Donc le vampire porte une magnifique marque de strangulation au cou et il est soulagé du poids d'une écharpe de femme, emportée par le flot des eaux usées.

Une fois George posé sur l'épaule, Abel doit entreprendre un long mais pas forcément périlleux chemin pour rejoindre sa planque. Il doit faire beaucoup de détours pour éviter au vampire endormi de se prendre des raies de lumière solaire filtrée par des grilles d'égouts.
Vers dix neuf heures trente, quand Abel retrouve sa cachette, George se réveille sur son épaule.
"Euhh, on est où là ?
-C'est mon repère !
-D'accord. Tu peux me reposer ?"
George tombe carrément par terre. Il voulait être libre de ses mouvements. C'est maintenant chose faite.
"Qu'est-ce qu'on fait ?
-On a qu'à se renseigner. On a quelque recherche à faire. Notamment sur un certain Emil Lofman (pas sûr que ça s'écrive comme ça). On va aller dans le bureau qui appartenait à Clark."

Le duo part au bureau de détective de feu Clark. Ils appellent David qui est en chemin lui aussi. Quand tout le monde s'est pointé, les vampires forcent la porte. Il n'y pas de policiers qui soient venus par ici pour l'instant. On ne peut pas dire que ces derniers soient réellement efficaces.
À l'intérieur, rien n'a vraiment changé. Pas de trace de vandalisme, si ce n'est notre effraction, pas de lignes de police genre "police line - murder scene - do not cross". David, accompagné de Mulder, repart illico : il se fait un SDF pour reconstituer sa Vitae et il revient. George tente de se servir de l'ordinateur pour faire des recherches. Mais voilà, l'informatique et lui, ça fait deux puissance le nombre d'années où il ne s'est pas servi d'un bidule électronique autre qu'un interrupteur ou sa propre moto. En clair, il est nul en informatique et confond la souris et un vrai hamster vivant.
George cherche laborieusement le moyen d'allumer la petite machine. En effet, apprend, ami lecteur, qu'il ne suffit pas de brancher l'appareil pour que tout se mette en marche. Il faut aussi trouver l'interrupteur. Et non, il ne s'agit pas non-plus d'un des boutons de la souris. Pas le clavier non-plus. Est-ce que le cable est vraiment bien branché ? Est-ce qu'il n'est pas tout simplement en panne l'ordi ? Finalement, George finit par remarquer le boitier que l'on nomme parfois vulgairement "unité centrale". Il y a plusieurs bouton dessus, dont un qui ressemble à l'interrupteur d'une télévision. Ô miracle, la machine vrombit et commence à démarrer. Est-ce qu'il faut de l'essence ou l'électricité seule suffit ? Préparons une pelletée de charbon au cas où.
George assure un peu mieux pour la suite : il trouve Google tout seul. Mais la joie est de courte durée. À peine a-t-il saisi les mots clefs dans le moteur de recherche que l'ordinateur commence à émettre un bruit bizarre. Que se passe-t-il ? La machine se met à trembler de plus en plus et l'unité centrale finit par cramer. Les deux compères restent ébahis dans la fumée de la carte mère et d'autres composants qui se sont carrément évaporés. Le bug de l'an 2000 avant l'heure.
"Qu'est-ce que t'as fait ?
-J'y suis pour rien ! C'est la machine qu'a fait ça tout seul !"

Quelques instants plus tard, David revient. Que s'est-il passé ? On t'expliquera plus tard.
Le groupe retourne au garage. David a acheté un sac à dos pour Abel : on y met une batterie de voiture. On ajoute les câbles à pinces qui servent habituellement à connecter deux batteries. Abel possède maintenant un sac à dos avec tout un stock d'énergie revigorante. En plus, David a l'obligeance de lui fabriquer un interrupteur.

George s'amuse à brûler un tableau dans la cour extérieure. Quand il revient à l'intérieur, David a fabriqué un pieu. Rien de bien nouveau si ce n'est que le phallus artificiel est en métal et donc censé perforer plus facilement les côtes de la vampiresse et l'immobiliser. George signale que l'électricité ne fait pas de dégâts aux vampires concernant la batterie accrochée au dos d'Abel. Quant au pieu en métal... Et bien, pour avoir contrarié le prométhéen, il a le droit d'être le cobaye qui permettra à tout le monde de savoir si les pieux en métal marche aussi bien que les pieux en bois sur les vampires. Abel lui enfonce le gros pic dans le coeur. Le vampire hurle de douleur et se tord sur le sol. Comme il gigote, ce n'est pas facile de lui retirer ça sans le faire souffrir davantage. Maintenant, on peut laisser tomber l'idée des pieux en acier trempé et gainés de Teflon.

George souffre le martyr à cause de l'expérience du pieu métallique dans le coeur. En plus, il a perdu des points de vie. Il faut qu'il se nourrisse de sang. Il exige de partir en chasse avec Mulder pour l'aider en contrepartie de l'expérience douloureuse.

Tout le monde part. La voiture s'arrête dans le quartier de chasse de George. Mulder part en avant dans le noir et George doit, sur ses conseils, attendre sous un lampadaire. Il poireaute un bon moment quand quelqu'un s'approche de lui. Un homme qui fait son jogging. Il s'arrête à son niveau, tourne le dos et ferme les yeux. Tous les vampires qui voient la scène sont ébahis : le cadeau de Mulder. George suce le sang de l'humain hypnotisé.
Ça c'est chouette de la part de Mulder : envoyer des humains qui ne demandent qu'à se faire sucer un peu de sang dans le cou, c'est plutôt cool. Par contre, il faudra lui demander des umains moins grand. Avec celui-là, George se met sur la pointe des pied pour boire. Oui c'est un peu tatillon mais bon.

Mulder informe le groupe, par portable, qu'il part de son coté faire des choses. Que faire pendant ce temps là ? Il faut trouver la vampiresse avant qu'elle ne soit complètement rétablie. Comment faire ?
"J'ai une idée ! dit David
-Ah ouais ? Laquelle ?
-J'ai toujours les armes de la fille ! On peut les faire renifler au chien et il essaiera de la débusquer."

Y a peu de chance, mais bon : comme qui dirait, on n'a pas de meilleur idée donc va pour. On retourne à la maison en voiture.
Là, George (le seul d'entre nous qui ne fait pas peur aux chiens grâce à sa propre animalité/bestialité) cherche le bon toutou dans la cour. "Viens ici, bon chien ! J'ai du ketchup et du poivre !"
Pas de chien en vue.
David se demande s'il n'est pas simplement à l'intérieur de la maison. Il ouvre la porte d'entrée. Il entend un petit bruit genre "Clic"

"Clic ?"
David s'enfuit à tout vitesse dans la direction opposée à ce son.
Abel le voit courir comme un dératé. Y aurait-il un danger quelconque qui menacerait son ami ? Dans ce cas, il est de son devoir d'y remédier. Il fonce vers la porte d'entrée restée entrouverte.
George voit David prendre ses jambes à son cou. Il y a donc quelque chose de méchant. Il décide de contourner la maison et d'examiner les pièces à travers les fenêtres afin de trouver la menace.

Abel remarque à l'entrée une ficelle. Elle a été rompue avec l'ouverture de la porte. Elle actionne probablement un mécanisme, mais lequel ? il fonce en suivant la ficelle pour trouver d'où elle vient. Arrivé dans le bureau de David (le genre de pièce où il doit rédiger des factures exorbitantes), il voit qu'elle se divise en deux : une au sous-sol (mais y a pas d'étage inférieur ?) et une qui traverse le plafond pour aller au premier. Il fonce vers les escaliers pour trouver celle qui continue là-haut. Dans le salon, il croise ses deux amis qui sont entrés par une fenêtre. Ceux-ci décident de le suivre, voyant qu'il a trouvé quelque chose.
À l'étage, Abel avance dans le couloir, balayant le sol du regard pour trouver ce fil qui doit dépasser de quelque part.
Là ! Le prométhéen voit le fil : il part en direction de la chambre à David... Juste au moment où il tends le doigt pour montrer sa découverte à ses deux amis, tout explose dans une violence folle et déchainée digne d'un concert de punk.

La porte de la chambre vole en éclats, qui se divisent à leur tour en des milliers d'échardes qui s'enfoncent presques toutes dans le corps du Créé. Celui-ci est propulsé à travers un mur ou deux (quelle différence ?) pour atterrir, endolori, dans la cour extérieure.
David connait un sort assez similaire, si ce n'est qu'il s'est pris des briques en lieu d'échardes. Il finit son vol de l'autre coté de la cour.
Quant à George, il se prend des briques à peu près partout, y compris dans des zones qui ne servent qu'à faire souffrir (genre le petit orteil, vous voyez comme c'est bien vicieux ?).

Pour la suite, tout le monde connait un petit temps de flottement, genre le temps que l'explosion ait fini son vacarme. Ensuite chacun se soigne comme il peut en réaction à une souffrance extrême. Les vampires tombent inconscient (5 secondes environs) et grillent presque tous leurs points de Vitae. Abel se rend compte que sa batterie est encore dans son sac à dos et ce dernier est toujours attaché à ses épaules. Chouette alors. Il se régénère à fond avec ça. La petite fée électricité se charge de le guérir et des petis arcs électriques lèchent langoureusement ses plaies jusqu'à plus soif.

Bon, c'est pas le tout de rester couché. Abel se lève et examine la cour du regard. Le bâtiment a sauté. il avait deux explosions ; la deuxième mine devait être dissimulé sous le plancher. Qui a fait ça ? Difficile de savoir et puis c'est pas trop le moment... David est par là, lui aussi. Par contre, même un accidenté de la route doit avoir meilleure gueule que lui.
"Abel, ton portable fonctionne encore ? Le mien est bousillé.
-Attrape.
-Je vais essayer d'appeler le portable de George."

Pendant que le garagiste (fraîchement devenu SDF) tripatouille le téléphone cellulaire, Abel s'élance dans les décombres. Faut dire qu'il est en pleine forme après une cure d'électrothérapie.

Le téléphone de George ne répond pas. Faut dire que c'est devenu un puzzle 3D niveau expert. Le tube de colle n'est pas fourni. Le prométhéen grimpe à l'étage en escaladant ou sautant par-ci par-là. Là, George est caché derrière un mur. Oui oui, ça va... à peu près... Donne-moi cinq secondes... Laisse le temps à mon bras de repousser...
Abel remarque subitement, à l'emplacement de ce qui fut la chambre de Linny, un bras de jeune fille qui dépasse d'un tas de gravats. Tous les vamp' rappliquent par instinct. Ensemble, ils dégagent les débris pour dégager la jeune fille. Sauf que son bras reste dans la main... Si on enlève les briques, on voit qu'elle est en morceaux. Et qu'elle n'a pas survécu. Personne ne rigole et un silence de plomb s'impose... bien vite rompu par le bruit des sirènes au bout de la rue. Ouais bon, on va pas s'éterniser...
Abel et george, après un moment de choc (-1 Humanité...), commecent à agir. Le Créé récupère les morceaux de cadavres et les emballe dans la nappe de la cuisine. On pourra lui donner une oraison funèbre plus tard. Ou bien...
La voiture garée devant n'a pas eu trop de dégâts : juste une brique qui est passé à travers la vitre du passager.
La police et les pompiers arrivent. On démarre. Les policiers nous poursuivent. David conduit la voiture mieux que Schumacher. La carlingue survole deux-trois ronds points et grille systématiquement les feux rouges. On a oublié qu'on était poursuivi...


En cours de route, un portable sonne : Mulder. Ignorant tout de la situation, il nous informe que la vampiresse a été localisée et qu'on a devoir de rappliquer. Les maîtres vampires sont là pour l'éliminer et il est du devoir de leurs disciples de les assister...

Branle-bas de combat devant un manoir chicos au nord de la Big Easy (comprenez la nouvelle-Orléans).
Les maîtres de David, Clark et George sont là. Le maître de Mulder n'est pas là. Mulder est là lui aussi. Et puis il y a nous, mais ça vous l'aviez deviné.
Le plan est le suivant : on se divise en trois groupes d'interventions et on lance l'assaut depuis des directions différentes.
David et sa maitresse : à droite.
George et son maître : à gauche.
Mulder, le maître de feu-Clark et Abel : de face.

Les groupes latéraux escaladent ou grimpent les murs de la propriété. Le groupe frontal passe par la grille. La villa est gardé par des vigiles humains. Mulder et le maître de Clark s'avance sans bruit, passe derrière deux gardes et les abattent simultanément à bout portant avec leurs flingues. Bonjour le bruit de détonations.

Pour la suite, les groupes s'insinuent dans la place aussi sûrement et insidieusement que des blattes. Et puis, c'est animé. Je vous donne un exemple : Abel passe à coté d'une piscine dans une cour intérieure, et des gardes tombent à ce moment là des étages supérieurs, balancés par les autres groupes... D'ailleurs il y en a un dans la piscine qui se vide de son hémoglobine... Pourquoi il a la gorge ouverte ?
Bref, comprenez que les humains se font massacrer comme ce n'est pas permis selon la convention de Genève et les Dix Commandements.
Quid de la vampiresse ? Et bien, parlons-en : il n'y a pas que des humains qui pleuvent. Le maître de George tombe, lui aussi, d'une fenêtre. il a le bras qui pend mollement, à moitié déchiré. "Ouh, la vilaine blessure. vous voulez un peu de sang pour vous refaire une santé. c'est pas compliqué, y a qu'à se pencher pour en avoir" dixit Abel en désignant les corps un peu partout. Mais selon les dires du vampire, cette blessure ne saurait régénérer de manière conventionnelle (du moins, pour un vampire). Elle a été faite avec une arme chauffée à rouge, donc vous pensez bien...

Abel, David, George et Mulder se regroupent après s'être divisés et finissent par trouver la vampiresse (précisons que le quota de mort parmi les humains a atteint un seuil hallucinant entretemps...).
La vampiresse accueille le groupe avec une épée médievale. On peut aussi voir la maitresse de David qui est complètement KO.
Le combat s'engage. Abel lui plante un pied de biche dans l'épaule puis perd son bras dans la seconde qui suit. David se fait à peu près laminer petit à petit. Il a beau lui tirer dessus en rafale, elle s'en tire toujours à bon compte. Par exemple, il tire avec son MP-5 ; elle se prend la première balle de la série, qui lui traverse l'abdomen. Elle se plaque ensuite à l'arme à feu pour que toutes les autres balles qui suivent prennent le même chemin que la première, causant ainsi moins de dégâts.
George se bat comme il peut, mais elle est effrayante. Mulder se fait couper horizontalement, puis verticalement au niveau du ventre. il doit contenir ses tripes d'une main, l'autre étant occupée à tirer. Néansmoins, il parvient le joli exploit de la choper par les cheveux et de lui tirer avec son colt 44 à bout portant. Cette prouesse lui coûte quand même sa main puisque la belle est rancunière. George essaye plusieurs fois de la charger sans grand succès. Abel perd un temps fou à essayer d'allumer sa batterie, puis arrache le cache d'une prise murale pour se refaire une santé. Il se recolle même le bras perdu.
David tire au shotgun et lui arrache la joue gauche (à la fille hein, pas à un copain). Elle réplique en lui tranchant 30 cm de chair à partir de l'entrejambe tout en remontant vvers le haut. Maintenant, il a les jambes plus longues...
George essaye maintenant de charger la fille avec un grand bouclier piqué sur le mur, parmi les décorations médiévales. Il échoue lamentablement et l'épée de la fille vient lui trancher la jambe. Un spray de sang fuse depuis le corps du vampire en direction de la jambe sectionnée pour commencer à la recoller.
La vampiresse qui est décidément super-rapide cloue maintenant David, l'épée à travers le coeur. Le pire, c'est que ce dernier ne tombe pas inconscient... Il doit la sentir passer sa douleur...

Abel, qui finit de se soigner dans son coin, constate, horrifié, que ses compagnons se font découper en apéricubes. La maitresse de David est inconsciente. Le maître de George doit récupérer quelque part de ses blessures. Mais où est le maître de Clark ? Celui-là même qui est toujours si discret qu'on ne le voit que si on le regarde attentivement. À ce moment, le prométhéen le remarque : il est empalé au plafond, une épée dans le coeur et inconscient lui aussi. Même dans le coma (ou la mort) il reste aussi difficile à remarquer... Ainsi, tous les maîtres se sont fait poutrer et leurs disciples sont sur le point de mourir.

Option 1 : mourir sagement
Option 2 : mourir en braillant le plus fort possible
Option 3 : s'enfuir et mourir quand même vu comment elle est rapide.

Mais surprise ! Le maître de George revient à la charge ! Il a juste arraché son bras inutile et il a transformé le second en patte griffue. Dans sa charge, il lui arrache une bonne portion du visage. Enfin, c'est George qui parvient à la percuter en pleine course avec son bouclier. Il la broie contre le mur et la nuque de cette dernière se brise. Elle finit ENFIN par décéder...

Son corps vieillit très rapidement pour devenir très décrépit, puis de la poussière. Gros soulagement collectif. On soupire tous d'aise.

Tous les vampires sont grièvement blessés et n'ont plus de points de sang. Pas grave : George avait trouvé auparavant une cave à vin, dans le sous-sol de la villa. Sauf que le vin n'est pas vraiment du jus de raisin. Disons que la vampiresse possédait sa réserve personnelle. Donc, les buveurs de sang font une orgie dans la cave pour tous récupérer. Il y en avait jusque dans les escaliers apparemment.

L'aube ne va pas tarder à se lever... Donc, on file en vitesse. Des bouteilles de sang sont stockées dans les égouts, plus précisément dans la cachette d'Abel, avec la nappe contenant les morceaux de Linny. Les vampires partent de coucher et Abel se charge de stocker tout comme il se doit.

Annexe de la vie d'un prométhéen


Il est six heures du matin. Douglas Turner prend son service à l'aube. Il travaille dans un restaurant routier situé sur une aire de repos. À cette heure-ci, il n'y a pas grand monde : juste quelques conducteurs de poids lourds qui prennent leur petit-déjeuner avant de prendre la route.

Douglas nettoie les tables et encaisse les consommations des clients. C'est le petit matin. L'ambiance est morose. Il travaille en silence, tandis que les routiers mangent sans parler. La radio est éteinte. Seul le bruit des véhicules sur l'autoroute brise le silence.

Une demi-heure plus tard, Douglas est en train de ranger la vaisselle sortie de la machine à laver. Il empile les tasses sur la machine à café. Toujours ces mêmes gestes, tous les jours...
Un nouveau client entre. Comme toutes les autres personnes présentes dans la salle, c'est un homme. Plutôt grand. Des cheveux mi-longs négligés. Des vêtements passés de mode. Une démarche un peu lente, mais à peu près normale. Il n'a pas vraiment l'allure d'un routier habituel.

« Bonjour monsieur, dit le nouveau venu »

« Pourquoi "monsieur" ? se dit Douglas. "Bonjour" est largement suffisant... »

« Bonjour, répond Douglas.
-Je désirerais avoir à manger, s'il vous plait.
-Qu'est-ce que vous voulez comme petit-déjeuner ? »
L'homme balaye la salle du regard et s'arrête sur le repas du client le plus proche.
« La même chose que ce monsieur s'il vous plait.
-Très bien. Ce sera prêt dans cinq minutes. »

L'homme opine du visage puis va s'asseoir à une table située dans un coin du restaurant. L'endroit le plus éloigné de la porte d'entré et des autres clients.
« Bizarre, pense Douglas. »
Il y a un petit quelque chose dans le comportement du client qui est étrange, mais il n'arrive pas à mettre la main sur ce petit détail qui le dérange. Peut-être est-ce dû aux mouvement des lèvres de l'inconnu ? Mais non ! Les lèvres n'ont rien de bien étrange à bien les regarder. Ses mains ? Non plus. En fait, peu importe quelle partie de son corps on observe, il y a toujours ce coté inquiétant qui plane autour de lui.

L'individu avale le repas que lui apporte Douglas sans vraiment prendre le temps de mastiquer. Soit il a très faim, soit il se fiche de ce qu'il mange. Ce détail irrite Douglas qui ne dit rien malgré tout. « Après tout, il mange comme il veut. »
Les autres clients sont pressés de partir. « Il faut respecter les horaires sinon on se fait houspiller par le patron, disent-ils. »
L'autre, assis dans son coin, ne dit rien. Il se contente de regarder devant lui.
« Il m'observe ou quoi ? se dit Douglas. Vivement qu'il parte. »

Les minutes passent et aucun nouveau client n'entre dans le restaurant. Rien d'étonnant à cette heure-ci. Douglas se surprend plusieurs fois à penser au type assis dans le coin. Il prend une part grandissante dans son esprit. Sa présence devient envahissante.
« Mais qu'est-ce que j'ai aujourd'hui ? C'est un client comme tous les autres... » Il se remet à astiquer le comptoir avec un éponge. Il s'occupe du mieux qu'il peut, en évitant de regarder le client. Bizarrement, tout ce qu'il fait lui semble dénué de sens, comme privé d'intérêt. Il se dit qu'il pourrait allumer la radio, mais celle-ci est en panne depuis le weekend dernier. Le patron n'en n'a pas encore acheté une neuve pour la remplacer.

Les minutes semblent s'allonger à l'infini en présence de l'inconnu, comme des ombres au soleil couchant. Douglas est pressé d'en finir avec ce client franchement indésirable. Pourtant il n'a rien fait de répréhensible ; après tout, ce n'est pas le pire des clients qu'il a eu jusqu'à présent. Certains se montrent grossiers, vulgaires ou insultants tandis que d'autres dégradent les toilettes dans une insouciance totale. « Je préfère encore avoir quinze fouteurs de merde dans le restaurant plutôt que de garder ce type là plus longtemps ! »

« Monsieur, commence l'employé, il serait temps de payer votre consommation »
L'autre sort de sa poche de veste quelques billets froissés et les tend vers Douglas. Bizarrement, l'idée de prendre ces morceaux de papiers le révulse, au point qu'il aurait pu laisser partir ce type sans le faire payer. Il prend nerveusement les billets et réprime une grimace de dégoût. C'est difficile, d'autant plus que le client le regarde droit dans les yeux. C'est le détail de trop pour la patience de Douglas.

« Baissez les yeux ! Ne me regardez pas comme ça ! »
Gêné, le client détourne le regard, comme un enfant fautif.
« Ces quoi ces billets tout pourris et froissés ? Vous n'espérez pas que je vais vous rendre la monnaie ? »
L'homme étrange, bien qu'il soit considérablement grand, se ratatine sur son siège. Il commence à bégayer des syllabes qui doivent être le début de piètres excuses.
« Fermez-la ! Je veux pas vous entendre ! Et fichez-moi le camp d'ici ! Je veux plus vous voir ! »
Le client malmené se lève maladroitement et se faufile rapidement vers la sortie, bousculant une chaise sur le passage. Il a laissé tout son argent. De quoi payer trois fois sa consommation.
Pendant encore quelques minutes, Douglas bout de rage. Le soleil a entamé sa course, colorant le ciel d'orange. Les stores laissent passer des raies de lumière. L'un des ventilateurs fixés au plafond est en marche. Il tourne sur lui-même. Pendant ce temps là, Douglas reste debout, quelques billets froissés à la main.

« Mais... Qu'est-ce qui m'a pris ? »

L'Étoile du Désespoir - Léander

La place était occupée par pas mal de monde bien qu'il faisait nuit. Visiblement Americh ne dormait jamais. Léander marchait tranquillement sur les pavés avec une lueur de curiosité dans le regard. Il avait bien entendu parler de la fameuse ville d'Américh, la cité du libre-échange. Mais c'était autre chose que de la visiter. Fondée par des pillards, des hors-la-loi et des trafiquants pendant la période d'essor du sacro-saint empire, elle réunissait essentiellement de la racaille. Néanmoins, si les empereurs étaient conscients de l'existence de villes comme Américh, il n'en faisaient rien : après tout, elles n'étaient pas une nuisance réelle. Quant aux princes des territoires jouxtant Américh, ils laissaient cette ville prospérer. Même si ses habitants ne payaient pas d'impôts aux princes, l'afflux monétaire qu'engendrait la ville était ahurissant. Plus que suffisant pour fermer les yeux sur l'existence d'une ville hors-la-loi.

D'après ses connaissances, la ville était régie par un conseil de bourgeois ou de seigneurs du crime qui contrôlaient la plupart des négociations peu ou totalement pas légales dans le secteur. Et parmi ces gens-là, un certain Sandberg l'intéressait plus particulièrement. Ce fameux bourgeois était manifestement lié au complot qui intéressait ses compagnons, Sainte Jedidah en première.
Récemment, grâce aux notes d'investigation écrites par un indic' qu'ils avaient loué, ils avaient obtenus une liste de noms différents. Tous feraient partie, sciemment ou non, d'un complot de grande envergure. Un complot qui ne laisserait rien présager de bon pour l'avenir, surtout si Léander se basait sur les déclarations de la sainte qu'il accompagnait et les quelques évènements dont il avait pu être témoin. Cela dit, il aurait bien voulu connaître les sources d'information de la femme d'église, Sainte Jédidah. Selon cette dernière, il s'agissait d'une prophétie dont le dénouement final serait ni plus ni moins lié à l'Apocalypse. Ainsi, les autorités vaticanes d'Albidion détenaient des prophéties... Voilà, qui était intéressant à savoir. Restait à déterminer la véracité de ces écrits.

Malgré tout, Léander se sentait dubitatif : que lui et ses compagnons aient affaire à un complot passe sans problème, mais de là à parler d'Apocalypse... Il valait mieux se concentrer sur le présent et oublier les textes religieux. Il connaissait le nom de Sandberg, le fameux bourgeois qui s'apprêtait à négocier une marchandise encore inconnue. Ensuite, il y avait les trois leaders du crime organisé qui opéraient à Brudges, Adamsky, Tokarsky et Wyrostek ; ceux-ci venaient à Américh en tant que clients pour Sandberg. Que désiraient-ils lui acheter ? aucune idée, mais au vu de la quantité de vols et cambriolages qu'ils ont dû multiplier afin de réunir les fonds nécessaires, ce devait être quelque chose de faramineux. Venait ensuite Bardley, l'homme au cœur de toutes préoccupations. Son nom était cité à plusieurs reprise, nimbé d'une aura de mystère. Qui était-il exactement ? Que voulait-il dans toute cette histoire ? Selon leurs infos, Léander savait que c'était lui qui était à l'origine du complot et qu'il y avait des chances non-négligeables que la plupart des conspirateurs étaient manipulés par ce dernier. Manifestement, il était un homme charismatique, d'âge et d'apparence inconnu, qui était entré dans le milieu, qui avait grimpé les différents échelons du pouvoir rapidement et il était devenu ce qui semblerait être le conseiller et bras droit des seigneurs brudgiens du crime. Pour finir, un groupe de cinq personnes était cité dans les notes de l'indic'. Ce groupe, surnommé "la Main", occuperait une place relativement importante dans les trames du complot. Sur les cinq, seuls trois noms étaient connus : Vince, Ivy et Piotr. Mais tous les cinq seraient très dangereux. Il suffisait de se souvenir de l'état dans lequel se trouvait l'indic' quand il était revenu, à savoir agonisant dans son sang...

Léander continuait de progresser dans le quartier. Il avait pris quelques repères dans cette ville et localisé quelques sources de rumeurs. Malheureusement, aucun marchands d'information ne pouvait lui dire quoi que ce soit sur Bardley ou les cinq membres de la Main. Il y avait trop d'informations concernant Sandberg et ses activités et aucune qui ne soit réellement utile. Quant aux trois chefs de la pègre brudgienne, les infos se faisaient maigres. Las, Léander avait passé des heures à interroger et négocier auprès de piliers de bars, indics, prostituées et trafiquants. Il avait vu et entendu toutes sortes de choses, enregistrées grâce à sa mémoire photographique, mais il n'avait rien récolté qui puisse l'aider. Il commençait à se résigner et à se dire qu'il fallait attendre qu'Ernst, leur fameux indic', sorte du coma pour qu'il leur dise tout ce qu'ils voudraient savoir. Il lui restait quelqu'un à interroger : un certain Tymon ; serveur dans une taverne cotée qui entendait toute sorte de rumeurs et s'en servait pour arrondir ses fins de mois.

L'érudit ilmorien traversa la rue nocturne et finit par atteindre l'établissement Holmberg qui pratiquait le débit de boissons et exerçait en maison de jeux. Léander poussa les doubles battants de la porte et entra dans une vaste salle enfumée d'où émanait de nombreux éclats de voix et des rires perçants. Toute sorte de gens étaient entassés là, issus de différents horizons culturels. Mais tous avaient en commun une chose : c'était des fripouilles et des hors-la-loi. Ils se faisaient de l'argent en écoulant de la marchandise volée, ou bien il s'agissaient de proxénètes, si ce n'était pas carrément des esclavagistes. Bref, les lieux suintaient l'immoralité et l'honorabilité n'était certainement pas le maître-mot ici.
Des hommes, et des femmes en plus petit nombre, s'amusaient en caressant des jeunes beautés en tenues fétichistes qui étaient perchées sur des petites tables rondes, renversant les verres avec leurs pieds. D'autres personnes jouaient aux cartes, trichaient et perdaient. Des prostituées étaient venues appâter le client ici. Quelques individus à la mine lugubre étaient disséminés parmi la clientèle, à boire seul et à foudroyer du regard quiconque leur adressait la parole. Léander n'avait aucun doute que ces derniers étaient employés par des mafieux, par exemple pour surveiller un pauvre type qui avait séduit la fille qu'il ne fallait pas. Ils accompliraient leur sinistre besogne pendant la nuit et toucheraient un peu d'argent avant d'être à leur tour la proie d'un autre tueur à gage.
L'aventurier se fraya un chemin menant jusqu'au comptoir. Là, il fit face à une barmaid rousse aux yeux cernés.
« Vous désirez ?
-J'aimerais m'entretenir avec un certain Tymon, mademoiselle. Si vous n'y voyez aucun inconvénient...
-Que voulez-vous boire ?
-Je prendrais un capiteux de Togarini. Un domaine Hausburz de 972 si vous avez.
-Tout de suite monsieur. »

La serveuse s'éloigna rapidement tandis que Léander patientait calmement, malgré le vacarme de la clientèle. Décidément ! Il semblait bien loin le temps où il sillonnait les allées silencieuse de l'université et ses bibliothèques... Quelques minutes plus tard, un homme entre deux âges apparut, portant le même uniforme que la jeune rousse précédemment citée, et tenant une bouteille de vin et deux verres à la main.
« Je suppose que vous devez être monsieur Tymon.
-C'est cela même. Je vous présente mes excuses à l'avance : nous ne possédons plus de Hausburz 72 dans notre cave. Je peux vous proposer une bouteille de 75, si vous n'y voyez aucun inconvénient. Ce n'est pas une année aussi bonne que 972, mais elle reste une des meilleures.
-Et bien, va pour celle-ci. De toute manière, le vin n'est pas l'objet de ma visite. J'ai quelques informations à vous demander. Et elles seront rémunérées rubis sur l'ongle si vous parvenez à me satisfaire...
-Certes oui, mais veuillez attendre quelques instants, je vous prie. Autant vous faire profiter pleinement du vin au prix où vous le payez. »

Tymon prit un petit couteau dentelé logé derrière le comptoir et entreprit d'ouvrir la bouteille. Une fois la feuille métallisée ôtée, il la déboucha d'un geste expert. Portant le bouchon à son nez, il commenta : « Bien, cette bouteille n'est pas bouchonnée. C'est parfait, nous allons être en mesure de goûter le vrai potentiel de ce vin. »
Il versa lentement un filet liquide de couleur grenat dans chacun des verres. Léander pouvait déjà sentir le bouquet qui s'élevait jusqu'à ses narines. Tymon finissait de remplir les deux verres tout en précisant : « Je méprise totalement la dictature fasciste du Togarini, mais au moins ce pays possède de merveilleux vignobles. »

Quand il eut fini de servir le vin, Tymon et Léander levèrent chacun leurs verres à hauteur de menton afin de humer le parfum de vigne et de cerise qui s'en dégageait. Léander but le premier et constata, pour la énième fois depuis qu'il s'intéressait à l'œnologie, que le Hausburz méritait amplement sa réputation de vin enivrant : la première gorgée produisait déjà son effet exaltant. Tymon en faisait de même. Ils finirent tous deux leur premier verre en silence. Puis le barman reprit la conversation :
« Maintenant que nous avons fait connaissance à travers le vin, nous pourrions peut-être parler des informations qui vous intéressent tant ?
-Oui. J'ai ouï dire que vous sauriez des choses de plus que les autres informateurs...
-Que voulez-vous savoir ?
-Connaissez-vous Adamsky ou Tokarsky ?
-Oui, bien sûr. Ils viennent de Brudge en voyage d'affaires. Il séjournent actuellement dans les Hauts-lieux, avec leur collègue Wyrostek.
-Bien, maintenant je voudrais que vous me parliez de leur assistant.
-De qui s'agit-il ?
-Son nom est Bardley. »

Tymon recommença à remplir les verres de vin.
« C'est curieux. Ce nom ne me dit rien...
-J'en doute fort. Vous êtes un informateur réputé. Sans doute l'un des meilleurs de cette ville en comptant sur les doigts d'une main. Vous devez connaître beaucoup de monde...
-Je vous assure pourtant que je ne connais pas ce nom là.
-Sur la pléthore de personnes que vous devez rencontrer chaque jour, je m'étonne que vous ne fassiez pas d'effort pour chercher dans votre mémoire. Après tout, on ne se souvient pas de tout le monde du premier coup.
-Monsieur, je vous prie de croire que ce Bardley, comme vous dites, m'est inconnu. »

Léander prit la chemise du serveur d'une main et poursuivit :
« Le mélange des cultures à Américh est étonnant... J'avais rarement vu ça.
-Lâchez-moi ! Que voulez-vous dire ?
-Il y a toute sorte d'architecture ou de spécialité culinaire dans cette ville. En fait, Américh est un concentré des cultures du monde entier.
-Lâchez-moi ou j'appelle de l'aide !
-Je m'étonne surtout du fait que vous ne connaissez aucun Bardley, alors que j'ai eu affaire à plusieurs personnes homonymes à celui que je recherche.
-Je-je ne comprend pas... »

Léander relâcha son étreinte sur le tissu, à présent froissé, de Tymon.
« Bardley est un nom à la consonance arlonne. Je peux en trouver à la pelle par ici, autant que des Alfred ou des Adrian, à vrai dire. Vous le savez aussi bien que moi.
-Je... Je ne sais pas... J'ai dû oublier... je...
-Si ce nom est automatiquement tabou pour vous, c'est que vous devez bien savoir quelque chose. N'oubliez pas, je vous paye pour savoir. Et il se trouve que j'ai quelques pièces d'or sur moi... »

Tymon commença à bafouiller quelques propos incompréhensibles, signe évident de son malaise. Il jeta des regards aux alentours afin de s'assurer que personne n'écoutait la conversation. Puis il respira profondément à plusieurs reprises avant de se jeter à l'eau.
« 15 pièces d'or. Pas moins. Et je vous dirais ce que je sais. Mais pas ici. C'est trop dangereux.
-Disons 17. Où et quand ?
-Dans trois quarts d'heure. On se retrouve dans le quartier des artisans, derrière l'atelier des souffleurs de verre.
-Très bien. Tâchez juste d'être ponctuel.
-... Je veux aussi 5 pièces d'avance. Vous donnerez le reste après.
-Allons, vous me prenez pour un idiot ? Je vous donnerais une avance et devrais attendre à un rendez-vous pendant que vous filez comme un lapin avec mes écus d'or ? Non, vous aurez l'intégralité de la somme après m'avoir donné vos informations. »

Léander fit un sort au verre de vin qui l'attendait sagement et sortit une pièce une pièce d'or frappée à l'effigie de Calandra Ilmora, la célèbre érudite, qu'il fit glisser sur le comptoir. Puis sa main se referma sur la bouteille.
"Je prendrais le Hausburz avec moi. Il m'est impossible de déguster ce vin à mon aise dans un tripot pareil. Faites donc en sorte que vos clients se comportent comme des hommes civilisés et non-plus comme des bêtes. Croyez-moi sur parole, vous y gagneriez."

Tymon ne prit pas la peine de répondre, manifestement trop anxieux pour dire quoi que ce soit. Léander prit le chemin de la sortie en évitant soigneusement les tables où les clients étaient les plus agités ou énervés. Une fois la porte franchie, le gentilhomme ilmorien inspira profondément et huma l'air ambiant. Ce n'était certes pas l'air de la campagne et des fleurs des champs, mais c'était toutefois bien plus agréable que l'odeur de la fumée de tabac mêlée de relents d'alcools et de sueur moite.
Il avait trois quarts d'heure avant d'avoir des informations. Une petite promenade lui ferait le plus grand bien ; cela lui permettrait de se libérer de la tension accumulée à l'intérieur de la taverne et surtout de la sensation de flottement que lui procurait le vin. Il avait besoin d'être alerte et vif.

Après une petite demi-heure de marche dans la ville, en évitant soigneusement les quartiers sensibles où le meurtre était monnaie gratuite, Léander se sentait déjà un peu plus décontracté. En revanche, les effets du vin ne s'atténuait pas. Il n'était pas ivre ; il n'avait bu que deux verres. Néanmoins, ce vin était très capiteux et méritait amplement sa réputation. Léander sentait un léger engourdissement mental. Il ne réfléchissait peut-être plus aussi vite qu'à l'accoutumée. La différence n'était pas flagrante, mais ce genre de détails, aussi infimes soient-ils, peuvent faire la différence dans certains situations.
Il tenait toujours la bouteille de Hausburz dans la main. Il n'y avait plus goûté depuis qu'il avait quitté la taverne Holmberg, mais il espérait la faire partager à ses compagnons et montrer à Yuriko un meilleur alcool que ce qu'elle devait avoir l'habitude de boire. Ainsi, il pourrait la remercier pour son exposé captivant sur l'énergie intérieure du Ki. Cette jeune femme n'était pas douée pour la pédagogie, mais elle en connaissait un rayon sur le développement intérieur. À l'avenir, si Léander trouvait le temps, il aimerait vraiment apprendre à utiliser le Ki.

Il ne restait plus que dix minutes pour se rendre au lieu du rendez-vous. Léander accéléra le pas et bifurqua plusieurs fois dans un dédale de ruelles. Il était dans le quartier des artisans mais il restait à retrouver l'atelier des souffleurs de verre. De plus, cet endroit était un vrai labyrinthe. En pleine nuit, on pouvait s'y perdre facilement. Mais l'aube n'était pas loin et Léander avait déjà exploré le quartier pendant la journée. Finalement, il arriva à l'heure dite devant l'atelier.
Il en fit le tour pour trouver son contact. Il n'y avait personne dans les environs, ce qui expliquait pourquoi Tymon avait choisi cet endroit. Ils pourraient parler sans crainte d'être entendus.
Léander parvint derrière l'atelier, au niveau de la porte de sortie. Il vit, à la lueur du clair de lune, que Tymon était là aussi, affalé contre le mur et à moitié couché. Tandis que Léander s'approchait, les contours de Tymon se faisaient plus précis. Arrivé à deux mètres de distance, l'érudit put distinguer un poignard enfoncé dans le torse de l'informateur. Il se précipita et posa deux doigts sur la carotide de son contact. Aucun pouls. Tymon était mort et quelqu'un l'avait tué.

Léander se redressa immédiatement et tenta de discerner quoi que ce fut dans les environs immédiat. Le corps de Tymon était encore chaud et le meurtrier ne devait pas être bien loin. Peut-être l'observait-il même, caché dans les ombres ?
« Quel imbécile je suis, j'ai été naïf ! »
Puis un constat alarmant s'imposa à son esprit : le mur de la fabrique de verre, juste derrière lui était de couleur claire. À la lumière de la lune, la silhouette de l'érudit contrastait avec le mur du bâtiment. Et en plus, il se trouvait dans une zone dégagée, probablement pour faire de la place aux chariots de livraisons. Son instinct carillonna et son intuition lui dictait un danger de mort imminent. Combien de temps était-il resté debout à réfléchir ? Aussitôt, il fit un bond latéral vers la gauche avant de commencer à courir. Cette manœuvre lui sauva la mise : en plein saut, un projectile vint exploser la bouteille de vin, là où se trouvait son cœur une fraction de seconde auparavant.

Léander lâcha ce qu'il restait de la bouteille et courut le plus vite qu'il pouvait en direction d'un dédale de ruelles. Là-dedans, le tueur aurait du mal à le cibler correctement. Il convenait dans cette situation de rejoindre Sainte Jédidah, Mannrig et Yuriko au plus vite. Il bifurqua au premier croisement et s'engouffra dans une rue étroite en pente descendante. Arrivé à l'extrémité, il changea de direction une nouvelle fois, privilégiant cette même gauche qui lui avait sauvé la vie quelques secondes plus tôt. Les rues se ressemblaient toutes et il n'aurait su dire s'il tournait en rond ou non. Après avoir zigzagué une quinzaine de fois, il changea de stratégie : le bruit de ses pas était trop repérable dans le quartier désert. Surtout qu'il commençait à perdre haleine. Avisant un baril de recueillement d'eau de pluie, il se mit à couvert derrière et tenta de maîtriser sa respiration.
Un long moment passa. Léander compta les secondes jusqu'à quinze minutes puis quitta sa cachette pour trouver une voie qui lui permettrait de s'éloigner discrètement. Dans la panique, il avait à peu près perdu de mémoire le plan du quartier. Marchant lentement, il restait aux aguets. Scrutant les ombres, il s'attendait à chaque seconde à voir débarquer soudainement le tueur. Il progressa ainsi sur plusieurs ruelles, en rasant les murs. Pour l'instant, pas de raison de s'affoler... L'aventurier commençait à récupérer son assurance : le tueur l'avait perdu et il avait manifestement abandonné la chasse.

Quelques bâtiments plus loin, Léander vit la sortie du quartier. Cette avenue lui permettrait de rejoindre les grands axes de la ville. Il serait plus en sécurité en compagnie de la foule, aussi déplaisante soit-elle. Il continuait d'avancer rasséréné à l'idée de se trouver un abri sûr. Tout à coup, un sifflement se fit entendre et un poignard trancha les airs, passant à quelques centimètres de son visage. L'assassin était de retour et la traque reprenait. L'esprit de Léander se mit en marche à une vitesse supérieure. Il savait qu'il pouvait chercher à localiser le tueur et lui régler son compte avec sa rapière, mais c'était encore plus dangereux. L'autre solution était de se trouver un abri et, potentiellement, de piéger l'adversaire pour l'attaquer au moment où il s'attendait le moins. Un rapide coup d'œil aux alentours lui permit de trouver le refuge approprié : un espèce de hangar assez proche. Il fonça illico vers le bâtiment et, dans son élan, fit sauter le verrou de la porte d'un coup d'épaule. D'une certaine manière, la peur lui donnait des forces. À peine avait-il franchi l'encadrement de la porte qu'une nouvelle lame siffla dans les airs, passant par-dessus son épaule droite. La leçon était claire : surtout rester en mouvement. Cet individu, homme ou femme, pouvait projeter ses armes de jet sur une très longue distance, bien au-delà des capacités d'un humain ordinaire.

À l'intérieur de l'entrepôt, il faisait un noir quasi-total. Néanmoins, les lumières lointaines du quartier des tavernes filtraient légèrement à travers les fenêtres du bâtiment, guidant Léander. Il y avait manifestement des tonneaux, ou plutôt des barils au vu de la taille, entreposés ici. Des échelles disposées ça et là permettait d'accéder à une plateforme métallique qui faisait le tour de la salle. Plusieurs systèmes à poulies et grappins permettaient de soulever les barils.
Léander grimpa immédiatement à la première échelle pour se poster en hauteur. Cela lui donnerait un avantage certain si l'assassin passait par la porte. Il se positionna juste au-dessus de l'entrée et s'accroupit avant de patienter, rapière dégainée. Plusieurs longue minutes s'écoulèrent. Léander ne changea absolument pas de position. Il ne bougerait que si le tueur passerait à sa portée.

Des bruits de pas se firent entendre. Tous les muscles de l'ilmorien se contractèrent. Quelqu'un passa la porte. Il sauta dans le vide. Les genoux de Léander percutèrent les omoplates de l'individu qui produisit un cri à moitié étouffé. Il était le dominant maintenant. Il maintenait l'homme sous son poids et l'empêchait de se débattre. Il lui asséna un formidable coup à l'arrière du crâne avec la poignée de son arme. Son adversaire était proprement assommé. En clair, l'action était une réussite totale.
Aussitôt, il commença à fouiller son suspect. Étrangement, il ne possédait aucune arme de jet dans ses poches ou ses mains. En s'approchant du visage de l'homme, il décela une odeur d'alcool. « Un piège. »

Quelque part, au milieu de l'entrepôt, un baril vola dans sa direction. Léander fit un saut en arrière pour éviter le projectile géant. Ce faisant, il heurta violemment un autre baril au niveau des reins. Mais il était vivant. La barrique volante s'écrasa sur le bonhomme assommé. À la stupeur de Léander, elle n'était pas vide. Un liquide sombre se déversa aussitôt du baril fracassé. L'individu inconscient était probablement mort sous le poids du projectile. Il avait officié en tant que leurre et avait détourné l'attention de Léander. Probablement un ivrogne qui passait par-là et qui avait été convaincu d'entrer dans la place.
Un nouveau poignard volant vint se ficher dans le bois du tonneau sur lequel Léander était affalé, clouant ce dernier par la manche. Alors qu'il essayait de se libérer, des images du calvaire de Ernst, l'indic' revenu de mission, le corps ravagés par des coups de couteau dévastateurs, défilèrent devant ses yeux. Manifestement, il avait affaire au responsable de cette boucherie. Cette pensée amplifia sa peur et, avec elle, sa force de volonté. En une fraction de seconde, il avait tiré un coup sec pour déchirer le tissu du vêtement et avait sauté par-dessus le baril afin de s'en servir comme couvert tandis qu'il avait échappé à un nouveau poignard qui venait siffler dans les airs. Léander resta un moment recroquevillé derrière son rempart de fortune tandis qu'un silence lourd s'installait. « Comment s'échapper ? »

Tout à coup, adossé au baril, il ressentit plusieurs impacts qui résonnèrent sur le bois. Le bruit d'une pluie de projectiles ricochant avec un bruit mat se fit entendre. Quelqu'un passèrent par-dessus la tête de Léander. Il s'agissait clairement d'un tir de rafale, comme si une compagnie entière d'archer le prenait pour cible. Accroupi où il était, il demeurait à l'abri mais ne pouvait pas s'échapper. Les bruits à répétition ne discontinuaient pas. Cependant, Léander put remarquer qu'il ne s'agissait plus de poignards cette fois : les objets ainsi lancés consistaient en cailloux, morceaux de bois ou de ferraille qui trainaient un peu partout sur le sol de l'entrepôt. Le message était clair : son adversaire jouait avec lui.
Il lui fallait sortir de là au plus vite : l'aube était sur le point de se lever et il ne devait pas rester dans le champs de tir de son mystérieux ennemi. Léander se mit dans la position du coureur dans l'attente du départ de la course, tout en s'arrangeant pour demeurer à l'abri du baril. Il fallait prendre le tueur par surprise et partir le plus vite possible.
Dès que les tirs semblaient s'amenuiser un minimum, Léander fonça en avant sans prendre le temps de regarder autour de lui : chaque dixième de seconde était précieux. Dans son mouvement de départ, il en profita pour ramasser sa rapière, restée par terre, tout en accélérant. Il sprinta comme il ne l'avait jamais fait auparavant. Le temps que les projectiles changent de direction pour le cibler, il avait franchi la porte de l'entrepôt. Il avait réussi à sortir du bâtiment.

Les bâtiments qui défilaient à la périphérie de son champs de vision étaient flous et disparaissaient très rapidement tandis qu'il courait plus vite qu'il ne l'avait jamais fait auparavant. Il commença à rejoindre les passants dans la rue, mais son instinct lui criait qu'il n'était pas en sécurité, loin de là. Il fallait à tout prix qu'il rejoigne ses compagnons. Il s'arrêta un court instant afin d'aviser les environs et choisir le chemin le plus judicieux. Des gens se déplaçaient dans la rue et la plupart devait commencer à travailler. Un poignard vola juste devant les yeux de Léander et une jeune femme situé non-loin de lui fut mortellement touchée à la tempe. Elle s'effondra en silence et il reprit sa course de plus belle. Pas un cri ne fut poussé. Il faudrait encore quelques instants avant que des passants ne remarquent ce qu'il venait de se passer. Et Léander serait déjà loin, un tueur aux trousses.

L'aube se levait lentement tandis que l'aventurier ilmorien continuait à courir, affolé, en jetant parfois des coups d'œil par dessus l'épaule. Son assaillant demeurait invisible, probablement dissimulé à distance. Léander était presque parvenu jusqu'à la maison close où lui et ses amis avaient décidé de se cacher. Il était temps ; il courait depuis si longtemps qu'il avait les poumons en feu.
Soudain, il vit deux silhouettes atypiques qui se déplaçaient ensembles dans la rue. Yuriko et Mannrig. Ces derniers tournèrent la tête pour voir l'origine des bruits de course. La jeune ryuanne eut un léger sourire que l'on aurait pu qualifier de condescendant. Lorsque Léander les atteignit, il n'avait plus assez d'air dans ses poumons pour les avertir. Yuriko, inconsciente du danger, se contenta de poser une main sur son épaule et de lui demander : « Léander, connaissez-vous le proverbe ''la curiosité tua le chat'' ? »
Léander leva des yeux affolés. De quoi parlait-elle ? Il inspira plusieurs fois pour essayer de reprendre sa respiration et leur annoncer ce qu'il se passait. Mais il fut interrompu par une lame qui lui perfora l'omoplate gauche. La pointe du poignard ressurgit du coté de la poitrine, à deux pouces du cœur. Le souffle coupé, il s'effondra entre les mains de Yuriko tandis que Mannrig se saisissait déjà de son arc.

Allait-il mourir ? Léander sentait la peur s'insinuer en lui en même temps qu'il perdait son sang. Il n'entendait que vaguement ses compagnons crier. Il aurait été bien incapable de comprendre ce qu'ils disaient. Le temps semblait se ralentir. Il sentit que Yuriko l'épaulait pour le soutenir et l'empêcher de tomber. Sa conscience commençait à vaciller.
Il put toutefois comprendre les propos de sa compagne de route quand celle-ci s'adressa directement à lui.
« Ça fait moins mal que ça en a l'air... » lui dit-il.
Il lui sembla que Yuriko fit une moue réprobatrice. Comment en être sûr ?
« Attendez, je vais vous retirer ce couteau... » commença-t-elle.
Instantanément, Léander vit, dans un flash, des souvenirs de Yuriko et Mannrig qui buvait et picolait des verres d'alcools à la suite. Ce fameux cocktail baptisé ''Surprenez-moi'' par les deux compères, plus puissant que de l'absinthe noire ou de la vodka. Quels ravages pourrait produire la main tremblante d'une d'alcoolique ? D'ailleurs, n'y avait-il pas une artère située juste à coté de la lame ?
« Non ! murmura Léander, je préfèrerais que Skyla s'en occupe... »
Son corps se détendit d'un coup. Sa vision se brouilla. Il entendait des sons diffus qui peinaient à parvenir jusqu'au cerveau. Il lui semblait que Yuriko le déplaçait rapidement dans les airs. Peut-être était-ce à cause du léger vent frais qui lui caressait le visage ? Puis il sombra totalement dans l'inconscience.



Pour (re)découvrir la suite de cette aventure, je vous invite à vous référer au passage « Un chaton mort sur les pavés »

mercredi 9 décembre 2009

Rigor Avis.

04/12/2009

- Virgil accumule du Zéon mais le perd en se faisant happer par l'oiseau. Il se fait sauvagement lacérer.
- Nalya ramène la paladine sur le bateau en quatrième vitesse, puis repêche Néro, toujours avec de la télékinésie.
- Délano accumule lui aussi (il prend des couleurs, ses cheveux blancs semblent revitalisés et son visage plus jeune, pendant qu'il incante en gesticulant).
- Pernilla met de côté un bouclier magique "au cas où" puis récupère Virgil par téléportation avant qu'il ne se fasse déchiqueter. Elle demande ensuite à Laurens d'aller fouiller dans ses affaires pour ramener un réservoir de zéon qui aura peut-être une utilité bientôt.
- Dans le même temps, Zacharias, qui avait grimpé au mât, saute pour atteindre le piaf et lui assène un coup de faux, avant de tomber à la flotte.
- Néro et Virgil, blessés, rejoignent Kurt à l'intérieur du bateau.
- L'oiseau pique à nouveau et, cette fois, attrape Myllenia.
- Nalya tente un impact pour la libérer, mais échoue.
- Zacharias retourne au bateau à la nage, et particulièrement vite. (toujours en mouvement saccadé)
- En cabine, Virgil accumule du Zéon pour mettre des mines de feu (ça fait boum !) sur les carreaux de Kurt pendant que Pernilla s'avance lentement sur le pont pour récupérer l'arbalète.
- À ce moment-là, Délano lance son sort et l'oiseau se rigidifie lentement, jusqu'à devenir une statue de pierre. Il lâche Myllenia, qui tombe et s'éclate sur l'eau avant de recevoir la statue en béton sur la gueule...
- ... mais Pernilla déclenche son bouclier à distance et lui évite ainsi quelques fractures malvenues. Elle tente ensuite de la téléporter sur le bateau, mais se rate lourdement. On entend un "plouf" quand Laurens tombe à l'eau, pas loin de la proue.
- Elle les repêche tous les deux à coups de téléportation, s'excuse sommairement puis retourne dormir.
- Délano a l'air un peu déçu, perdu, comme si son nouveau jouet était déjà cassé et qu'il ne savait plus quoi faire.
- Nalya réintègre son enveloppe charnelle.

C'est tout pour cette fois, parce qu'on a fait les changements de niveau. (increasing lvl 4)
Suite la semaine qui commencera lundi prochain.

Prise de bec.

27/11/2009

- L'oiseau s'éloigne du bateau, mais reste à portée pour l'instant. Néro lance sa technique de ki en dépensant de la fatigue, et c'est le hit. Il retourne en direction du bateau, toujours en marchant sur l'eau.
- Kurt est ramené sur le bateau par transport psychique. Blessé, il rentre en cabine, histoire de se mettre à l'abri pour les prochaines minutes, et commence à étudier minutieusement ses plaies.
- Pernilla et Virgil accumulent du zéon, tandis que Délano se concentre.
- Nalya, qui vient de sauver Kurt de la noyade, lance un impact sur l'oiseau, qui semble ne pas le sentir.
- L'oiseau fait un demi-tour en tête d'épingle et tente d'attraper Délano, qui se défend avec un bouclier surnaturel (de froid) et dévie l'attaque.
- Penilla le prévient en criant, puis téléporte Néro juste au-dessus de l'oiseau. Néro frappe en dépensant à nouveau un maximum de fatigue, puis commence à chuter.
- Virgil met un sort de boule de feu de côté pour un peu plus tard (s'agit d'éviter que Néro soit pris dans le rayon) et continue à accumuler pour en façonner une deuxième, dans l'attente du moment opportun.
- Délano lance une sorte de ligne de givre imperceptible, que seuls peuvent voir Néro et Nalya. (ils voient les matrices psychiques) La ligne vient percuter l'oiseau et lui geler les plumes.
- Nalya se concentre. (elle est toujours en train de flotter au-dessus de la scène, invisible et intangible pour le commun des mortels.)
- L'oiseau, bien vénère, fait à nouveau demi-tour et fonce sur Zacharias. Ce dernier esquive l'attaque et porte un coup de faux, qui touche.
- Néro finit de tomber (une vingtaine de mètres) et se pose comme une plume sur l'eau avant de courir en direction du bateau, tout en récupérant sa fatigue avec le ki.
- Délano lance le même pouvoir que précédemment, sans faire beaucoup d'effet.
- Pernilla (après l'avoir prévenue) téléporte maintenant Myllenia en direction du piaf. Elle frappe l'oiseau à deux reprises, en faisant de gros dégâts, puis tombe...
- ...avant d'être rattrapée par Nalya, en télékinésie, et ramenée sur le bateau dans un vol express.
- Virgil se dit que c'est le moment, et lâche ses deux boules de feu, qui touchent toutes les deux l'oiseau. Il a réussi à épargner le bateau. (les explosions font 40 mètres de diamètre...)
- La bête à trois têtes a eu le temps de faire demi-tour et, motivée par l'odeur de roussi qui émane de ses plumes, repasse au-dessus du pont et attrape Néro, qui venait de se hisser sur le bastingage. Ses serres se plantent dans la chair du lancier, qui est emporté comme un fétu de paille.
- Zacharias commence à grimper sur le mât.
- Néro attaque l'oiseau à grands coups de lance, mais ne parvient pas à lui faire lâcher prise.
- Délano tente de lancer son pouvoir une troisième fois, mais ne touche pas l'oiseau.
- Zacharias finit de monter au mât à fond les ballons, et atteint le sommet. Virgil : "qu'est-ce que tu fous ?"
Réponse : "J'attends".
- L'oiseau porte Néro au niveau de ses têtes, et tente de l'écarteler/de l'étriper en l'attrapant en plusieurs endroits et en tirant dans des directions opposées. Après lui avoir lacéré le corps et arraché un bon gros lambeau de peau à l'un des bras, il le lâche et le laisse tomber dans l'eau avec un hurlement. La victime a échappé au pire, mais se trouve dans un état assez déplorable.
- Pernilla téléporte à nouveau Myllenia vers l'oiseau, pour qu'elle puisse porter à nouveau deux coups d'épée bâtarde meurtriers sur le monstre, ce qu'elle fait.
- Nalya la rattrape de justesse avec la télékinésie et commence à la ramener vers le bateau. (l'oiseau s'est éloigné un peu pour déchiqueter Néro)
- Virgil accumule du zéon pur, en attendant de pouvoir aviser de la situation.
- Le piaf a l'air toujours aussi motivé, quoique blessé en plusieurs endroits.

Fin du coup. (Dans l'échelle de temps du jeu, toutes ces actions ont duré quinze secondes o_O) Suite bientôt.

Tricéphalement votre.

20/11/2009

- L'oiseau fait un large détour pour prendre de l'élan, et fonce en direction du bateau en accélérant. (il se trouve au moment de ce changement de direction à plus de 150 m)
- Pendant ce temps, tous ceux qui étaient sur le bateau et qui l'ont vu (C'est-à-dire tout le monde sauf Nalya et Pernilla, respectivement en train de fouiner en forme astrale dans les cartes de Nikolaas et de passer le temps en cabine.) se préparent à le recevoir.
- Néro tient sa technique d'Excisuum Aeris (attaque à distance) prête, pour pouvoir tirer dès que sa cible sera à portée.
- Vigil a accumulé un bon paquet de zéon pour pouvoir vomir son feu abrasif.
- Myllenia a commencé à grimper sur le mât (par les cordages) pour atteindre une position élevée.
- Kurt se trouve debout sur le toit des cabines, avec son arbalète.
- Délano se concentre.
- Laurens descend aux cabines pour prévenir Pernilla.
- L'oiseau arrive en quelques secondes à portée de tir de Néro et Virgil, qui font feu, le touchent, mais ne parviennent pas à le ralentir ni à le tuer. Il va tellement vite que l'image autour de ses plumes apparaît diffractée par le mouvement d'air. Il est particulièrement volumineux et massif.
- Il arrive au niveau du bateau et attrape Kurt, occupant une position surélevée, entre ses serres acérées. C'est plutôt douloureux ; l'assassin en lâche son arbalète. Les griffes sont longues comme des poignards et profondément enfoncées dans son épaule gauche et dans son bras droit. (ou était-ce l'inverse ?)
- À ce moment-là, Laurens a expliqué en deux-trois mots la situation à Pernilla.
- L'appel d'air (c'est un GROS piaf) fait tanguer le bateau. Nalya, dans la cabine de Nikolaas, se rend compte que y'a un os, et remonte en traversant le plafond. (la forme astrale, invisible et immatérielle, aidant) Elle prend mesure de la situation.
- Délano projette une stalactite de glace affûtée comme peu de rasoirs en direction de l'oiseau, qui encaisse apparemment le coup sans l'accuser.
- Le vacillement du navire fait se cogner Pernilla contre le mur. Dans le lit d'à côté, le corps sans esprit de Nalya comate irrémédiablement. Elle comprend à peu près la situation et remonte l'escalier quatre à quatre avec Laurens.
- Myllenia a réussi à ne pas tomber du mât malgré les inquiétantes oscillations de ce dernier.
- Kurt se débat comme un beau diable en tailladant à l'épée courte les pattes de l'oiseau, qui finit par le lâcher.
- Il chute d'une vingtaine de mètres (je crois) et tombe à l'eau dans une éclaboussure douloureuse. Grâce à un très bon jet de natation (double jet ouvert), il parvient à s'orienter et à franchir les cinq mètres qui le séparent de la surface, mais se trouve dans un piteux état.
- Néro descend du bateau en courant sur l'eau pour aller le chercher. Nalya, à l'aide de sa télékinésie, le récupère avant.
- L'oiseau fait demi-tour et s'apprête à récidiver.

Suite dans quelques milliers de millièmes de minutes.

Les petits plats de saint Nikolaas.

13/11/2009

- Le premier soir en bateau, nous avons le droit à la "soupe Cornélius", du nom de feu le papa de Nikolaas, le capitaine. Dans le genre "plat local", c'est spécial. Après que nous nous soyons assurés que les morceaux qui flottent ne sont pas des cadavres de petits rongeurs ni des abats humains, nous y goûtons prudemment. La majorité des invités trouve ça dégueulasse, et tout le monde n'arrive pas à finir, même en mettant beaucoup de sel pour changer le goût.
- Dès lors, presque tout le monde consomme ses propres rations, et Laurens entre chaque jour par effraction dans la cuisine pour se servir des ustensiles de Nikolaas, dont il a besoin pour s'occuper de la popote pour lui et son employeuse.
- Comme c'est Nikolaas qui s'occupe de tout sur le bateau, nous n'avançons pas de nuit.
- Au cours des cinq jours suivants, chacun se concentre de son côté sur ses activités.
- Nalya, après avoir observé un moment Nikolaas gesticuler entre les cordages sur le pont du bateau, lui demande si elle peut jeter un oeil sur ses cartes. Il refuse poliment. Le cinquième jour, elle va étudier les cartes en question dans la cabine du capitaine, en forme astrale.
- Dans les jours qui précédaient, elle a également dû servir de barbière (?) pour Délano. Elle se débrouille comme elle peut pour retirer le gros des poils blancs (ceux qui restent ne se voient pas trop) et parvient à éviter de l'égorger.
- Kurt s'astique les armes et le reste, tente des expériences nouvelles avec son sex-toy et parvient à résister à l'envie de faire la peau du seul marin à bord par pure distraction. Il commence également à apprendre le ki avec Néro.
- Pernilla apprend les bases du Tarravz avec Laurens, en prenant des notes dans un petit livre ayant appartenu à feu Max Aqualo. Sinon, elle suit aussi les cours de Néro pour le ki, et passe le reste du temps à buller et à lire au lit.
- Virgil apprend le ki avec Néro comme les autres, et autrement, s'ennuie, appuyé au bastingage arrière.
- Au cinquième jour, alors que tout le monde est à l'extérieur, sauf Nalya (le corps dans son lit et l'esprit dans la cabine du capitaine) et Pernilla (le corps et l'esprit dans son lit), un puissant cri retentit dans le ciel. C'est un aigle un peu particulier qui s'approche du bateau. Il se trouve à une centaine de mètres, haut et loin pour l'instant.
- Il a deux particularités : sa taille gigantesque (x2 la taille d'un gros cheval de guerre) et le nombre de ses têtes. (juste trois...)

Suite en direct.