vendredi 5 juin 2009

Surveillance rapprochée, malédiction oblige.

05/06/2009

Ah, mais c'était pas vrai, ça ! Quel con ! Myllenia regarda autour d'elle. Où était-il, cet imbécile ? Elle se releva en touchant ses cheveux. Ils avaient un peu brûlé, et elle aussi. Une fois son épée bâtarde ramassée, elle s'avisa un peu mieux de la situation. Ses adversaires étaient transformés en merguez, mais Nalya et l'autre, là, avaient survécu. Néro aussi. Le pyromancien qu'elle cherchait passa précipitamment devant eux, l'arme dégainée, pour se donner de la contenance, et courut vers les quelques survivants de l'explosion, sans doute histoire d'achever glorieusement les blessés à défaut d'avoir réussi à tuer tous ses collègues.
Myllenia commença à marcher dans sa direction, très en colère. Il était en train de se battre avec un assassin survivant, pour donner le change. Soudain, une flèche noire passa devant elle. Ahurie, elle reconnut Zacharias, il courait vers l'un des bandits, qui voulait s'enfuir. Son mouvement était surréaliste, elle hésitait même à appeler ça un mouvement. Visuellement, c'était une succession d'images discontinues, comme de ces schémas anatomiques représentant un coureur que l'on peut trouver dans les encyclopédies naturalistes. Et ce n'était pas tout : il se déplaçait à une vitesse inimaginable. En quelques secondes, il fut sur son adversaire et commença à lui faucher les jambes.
Elle regarda derrière elle. Un peu plus loin, Néro tournoyait avec sa lance, et démembrait littéralement les bandits survivants. Le danger était écarté, s'il avait jamais existé. En fait, le seul danger public qu'elle voyait, en ce moment, c'était un crétin jouant du katana, qui venait d'ailleurs de tuer son adversaire. Quand elle arriva à sa hauteur, elle lui posa une main sur l'épaule, et lui dit qu'il était pardonné pour cette fois, parce qu'il était convalescent, mais que s'il recommençait, ça allait chier des bulles, mon grand. Alors, à partir de maintenant, il allait rester peinard dans la roulotte, sans faire de conneries, et en dominant ses pulsions pyromaniaques d'une main de fer, sans quoi il prendrait la sienne dans la gueule. Est-ce que c'était clair, OU DEVAIT-ELLE SE RÉPÉTER !?
Apparemment, c'était clair. Tant mieux. Elle retourna du côté de la roulotte, avec dans l'idée d'estimer les dégâts. Sur le chemin, elle vit une dizaine de cadavres, puis laissa tomber ce décompte pour commencer à s'essuyer le visage avec un bout d'étoffe à peu près propre, qu'elle jeta par terre après l'avoir souillé de sang et de sueur. Il y avait un survivant parmi les agresseurs. (enfin, concrètement, qui agresse qui, là ?) Nalya était en train de l'interroger avec ses méthodes habituelles, sans faire attention aux multiples et profondes blessures de l'homme. Quand elle eut fini, elle se tourna vers les autres avec une drôle de tête. "Alors ?" demanda Myllenia, pressentant quelque chose de pas net. Alors, lui répondit-on, ces types étaient payés pour éradiquer de cette route une "belle femme", sans plus de précisions. Cool. Et alors ? Ben, ils étaient déjà rendus à trente-quatre têtes. C'est ça, les ordres vagues. Ah oui, effectivement. Myllenia regarda autour d'elle. Se pouvait-il que la cible fût l'une des présentes ? Il lui semblait évident qu'elle-même ne l'était pas, car si ç'avait été le cas, les commanditaires n'auraient pas omis de préciser qu'il s'agissait d'une très belle femme, ou auraient inclus dans cette description un ou deux superlatifs bien mérités. Non... la bourgeoise était pas mal roulée, assez pour faire une cible acceptable. Paola aurait pu faire l'affaire aussi, ou Nalya, n'importe laquelle, en fait.
Enfin, bon, voilà, on allait pas en chier un cake, si ? Et non, hors de question d'aller trouver leur campement, même pas pour récupérer les têtes. Surtout pas pour retrouver les têtes, en fait.
Avec le plat de son épée, Myllenia assomma le prisonnier incapable de se défendre, et retourna dormir. Ils repartirent le lendemain matin, pour éviter de trop moisir dans le coin. Moisir était le mot, les asticots ayant bien vite repris leurs droits sur ces cadavres.
Une semaine (ou plus, je suis pas très sûr) de voyage plus tard, Virgil avait perdu le peu de couleurs qui lui restaient. Il avait mal, très mal. Néro le surveillait chaque nuit, ainsi que Myllenia, armée d'une épée bâtarde bleue fluo générée par Nalya, et qui devrait lui permettre de toucher la créature d'obscurité. Le soir où il se transforma à nouveau, ils étaient trois à le surveiller. C'était la nuit, mais ils n'étaient pas gênés par l'obscurité, grâce à un enchantement de Paola. "heu, pardon..., lâcha Virgil, attaché au sol bien en évidence, mais j'ai envie, quoi." Ils se regardèrent, assez exaspérés. Néro suggéra de ne rien faire, que de toutes façons, il se laverait plus tard, qu'il fallait parfois faire des sacrifices, que tout le monde comprenait et qu'à la limite, ça lui tiendrait même chaud. Pas faux, pensa Myllenia, avant d'ajouter qu'ils feraient en sorte que personne ne soit au courant. Elle espérait qu'il n'avait pas remarqué Zacharias, qui les regardait, un peu plus loin. Nalya ne dit rien, mais quelques secondes plus tard, le sorcier saucissonné commença à léviter, jusqu'au dessus d'un buisson. Ah, ben oui, c'est sûr, comme ça, c'était super pratique ! Myllenia se leva en rangeant l'épée d'énergie dans son fourreau et, maugréant, s'approcha de l'emmerdeur pour lui baisser son pantalon.
Maintenant qu'il était dans la bonne position, désapé, au bon endroit et en condition, il lui fallait un prêtre et un magazine, peut-être ? Qu'est-ce qu'il attendait ? "Ça me gêne quand on me regarde..." dit-il timidement. Ah ouais ? Elle demanda aux autres de se retourner et lui dit que maintenant, vas-y, chie, parce qu'on allait pas y passer la nuit. Visiblement, il regrettait de n'avoir pas accepté la proposition de Néro. Soudain, son expression se déforma, et ses contours s'estompèrent. "Attention", dit quelqu'un. C'était la transformation. Il choisissait bien son moment, encore, lui ! Elle dégaina l'épée, et se tint prête. Néro l'était également, ainsi que Nalya.
Très rapidement, en l'espace de quelques secondes, Virgil fut submergé par l'obscurité dévorante. Les cordes lâchèrent leur proie, qui se glissa avec une souplesse presque liquide dans le buisson. Alors qu'ils le regardaient, guettant la sortie de l'ombre, une main noire en jaillit, et vint pénétrer la poitrine de Néro, qui eut un hoquet de surprise. L'épée de Myllenia transperça l'être noir, dans un sifflement accompagné d'arcs électriques, mais il ne réagit pas. Elle frappa une deuxième fois, sans plus de résultat. L'ombre ne sentait pas ses coups, même avec cette arme. Le maître martial se dégagea, et frappa à son tour, rageusement, en y mettant toutes ses forces. La lance transperça la chose qui s'évanouit sous la force du coup, et le corps inerte de Virgil réapparut pour tomber dans le buisson, qu'on réservait pour un autre usage, mais bon.
Ça au moins, c'était fait.

Suite la semaine prochaine.

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