samedi 28 février 2009

"Jäger" ou le chasseur impitoyable...

Le Rêveur en deuil - MJ à ses heures perdues- raconte Anima Beyond Fantasy...

(Jour 18)

"Où sont-ils ?"L'homme marche seul dans le désert, foudroyant furieusement du regard l'étendue de sable s'étirant jusqu'à l'horizon.Les longs kilomètres semblent s'allonger jusqu'à l'infini. L'homme pousuit sa route, ses pieds ne laissant aucune empreinte dans le sable. "Il m'a pourtant semblé avoir ressenti leur présence par ici..."Depuis cette maudite tempête de sable, il avait perdu de vue ses proies. "Pas assez vigilant", se dit-il. Ils ont dû trouver le moyen de s'enfuir pendant la tempête sans qu'il ne le sache... Il avait continué la route avec le reste de la troupe, espérant que les agneaux bêlants s'étaient juste avancés un peu plus en direction du tombeau. Puis deux jours complets sont passés sans qu'il ne les retrouve. Il était évident que la troupe les aurait rattrapé s'ils avaient juste pris un peu d'avance... Mais ce n'était pas le cas.
Pendant le deuxième jour, toute l'expédition fut attaquée par des "Harumaïs", comme les appelaient les guides du désert avant de se faire tuer. Bien évidemment, la compagnie, désarmée sans ses meilleurs guerriers, avait perdu des plumes et s'était retrouvé traquée par des primates dégénérés habitant des dunes. "Ils ont tué nos guides pour que nous soyons désemparés...". En plus de ça, un autre badaud avait succombé, tué net par un coup de coutelas primitif dans la tempe. À ce moment là, l'homme en avait profité pour dissimuler le corps du dandy décédé, puis il décida de disparaitre à son tour. Ainsi, il serait plus libre de ses mouvements. "Jacques Clairac et ses hommes ne m'intéressent pas. Seuls comptent ma proie et ses compagnons..."
L'individu continuait sa progression tout en divagant... Il aurait pourtant juré avoir senti une trace, une infime parcelle de cette magie ! Et pas n'importe quelle magie. Elle tisse les fluxs magiques pour créer... Cela ne peut être qu'elle. "C'était sa magie ! J'en mettrais ma main à couper..."
Et ainsi, l'inconnu se lança dans un élan de folie à l'évocation de sa future victime... "Patience, petite musaraigne ! Je t'aurais tôt ou tard ! Mais la joute est bien plus distrayante ainsi... Je te trouverai, toi et tes amis, et je vous tiendrai, là, dans la paume de ma main ! Tu sangloteras, tu crieras... oui, tu me supplieras ! Tu te traineras à mes pieds, implorant pour ta misérable vie. Je me pencherai vers toi... Je te chuchoterai à l'oreille. Je te dirais combien j'en ai tué, des magiciens comme toi, et ce que je leur ai fait subir... Et finalement, tes yeux se figeront, devenant ternes comme ceux d'un poisson mort."
Achèvant de s'égarer dans les méandres de la folie, l'esprit en revient à son but premier et perd toute patience : "Je veux la trouver. Maintenant."La silhouette de l'homme s'accroupit dans le sable et se met à méditer. Le but de sa transe étant de cheminer les longs des chemins magiques, il fait abstraction de tout ce qui l'entoure. Son corps est son esprit, sillonant le long des vrilles d'énergie pure, invisibles à l'oeil humain. À la source se trouve le Flux des âmes. Cette rivière étherée est omniprésente, à la fois la source de la magie et le coeur de la Création. Se parant d'un bouclier de sentiments négatifs, l'esprit de l'homme plonge dans le torrent des âmes qui furent et qui seront. De là, il cherche et guette, tel un épervier traquant sa proie. La sensation d'omnipotence qu'il ressent est incroyable : il est le maître du temps, de l'espace et du destin. "Et dire que les autres magiciens appellent ça vulgairement "évaluer la magie", les ignares !". Soudain, des tentacules vibrent. Elles indiquent une magie à l'oeuvre. Sa magie. Celle qui consiste à créer. "C'est elle. Je sais où elle est !" Aussitôt, sa conscience émerge de l'onde. Il ouvre les yeux, se relève et commence à courir.
Au bout d'un temps interminablement long, il s'arrête : "Là."Rien autour de lui... sauf sous le sable. Des créatures cheminent, telles des taupes, sous ses pieds. Elles avancent à grande vitesse vers l'horizon. L'homme ferme les yeux et les compte une par une. Il y en a douze, aisément repérables grâce à leurs marques magiques. Ce sont des élémentaires de magie. Il lève la tête vers le ciel. Ces créatures sont les serviteurs des sorciers doués de magie créatrice. Un mage lui en avait montré un, il y a très longtemps... Refoulant une vague de souvenirs issus de cette période reculée, il se concentre à nouveau sur la direction de ces êtres surnaturels. "Ils me mèneront à elle."
Il commence à les suivre, mais elles progressent vite ; elles l'ont vite devancé de plusieurs centaines de mètres et bientôt, il perdra leur trace. Sentant qu'il commence à s'essouffler, le "Jäger" s'arrête pour reprendre son haleine. Réfléchissant pour trouver une solution rapidement, il entend alors des bruits derrière lui : des silhouettes familères se faufilent au sommet de l'immense dune. Des Harumaïs."Je vois, dit-il en souriant, le petit poisson se fait chasser par un gros poisson. Mais le gros poisson peut aussi se faire chasser par un plus gros poisson. Et moi, je serai celui-là, le plus redoutable des prédateurs. Allez, créatures dégénérées, montrez-moi où sont vos proies !".Invoquant un sortilège complexe, il se soustraya alors aux sens des chasseurs des dunes. Ceux-ci dévalèrent la pente sableuse et passèrent à coté de l'homme sans pouvoir le voir, ni le sentir, la magie faisant son office. Ce dernier prit le temps de les observer : des êtres vaguement humains, de grande taille bien que très voûtés. De grands pans de cuir cousus sur leur peau, ils portaient également des turbans noirs et capes de tissu lacéré. Leurs armes peu sophistiqués, allaient de la masse en os au lames pas affûtées en guise de poignard ou d'épée."De bien piètres guerriers, se dit-il, ils ne pourront jamais tuer mes proies. Je n'ai aucune inquiétude à me faire. Laissons-les me guider."
Et ainsi, l'inconnu marchait allègrement à la suite des Harumaïs. Il n'avait pas besoin de se presser : les primates marchaient vite mais ils étaient sûrs d'atteindre leur proies, aussi trottaient-ils tout au plus. Une heure passa de cette manière. "Jäger" put distinguer devant lui et les Harumaïs un long massif rocheux et des canyons. Dans son âme, il sentit que les esprit magiques qu'il avait pisté plus tôt n'étaient pas loin. "Hum... Ils sont sans doute là-bas. Et ils ont dû atteindre le tombeau perdu. Celui que Jacques Clairac recherchait désespérément... Oui... C'est sans doute ça... Sinon j'ignore ce qui les a amené à s'arrêter. Néanmoins, les Harumaïs vont me gêner s'ils restent entre moi et mes proies... Autant m'en débarasser maintenant qu'ils ne me sont plus utiles."
Une brêve incantation, et le sort qui le masquait à la vue de tous se dissipa. Puis, plaçant ses mains en porte-voix, il cria. Les créatures cannibales se retournèrent. Là, derrière elles, une silhouette les défie du regard. Une seconde plus tard, elles se ruent sur lui...Le temps semble se ralentir. "Humons l'extase." L'homme plonge les mains dans ses poches. "Oui, elles sont là. Donnez-moi plus de pouvoir..." Lorsque le premier aggresseur arrive à portée, une décharge jaillit de ses mains. Le combattant Harumaï contemple, ébahi, le trou qui remplaçe dorénavant son estomac, puis il s'effondre sans comprendre. Un sourire flotte sur ses lèvres. "Et de un." Le deuxième guerrier vit la peau, les muscles et les os de son torse se décomposer sous l'onde de pouvoir. "Et de deux." Le suivant atterrit lourdement sur son coccyx dénudé, ses jambes ayant disparu... À partir du quatorzième, "Jäger" cessa de compter, commençant à éprouver l'ennui de l'enfant qui se se lasse de son nouveau jouet... La moitié des ennemis s'était enfuie. La moitié restante était divisée entre supidité et frayeur.
Non loin de là, des chameaux gémissent nerveusement, hésitant à s'enfuir, tandis que dans le ciel, une silhouette éthérée assiste, choquée, au spectacle morbide avant de se précipiter vers l'intérieur du complexe funéraire. "Il est arrivé..."

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