mercredi 18 mars 2009

Les gens bizarres qu'on rencontre sur les routes.

14/03/2009

Quand sonne le tocsin sur leur bonheur précaire,
Contre des étrangers tous plus ou moins barbares,
Ils sortent de leur trou pour mourir à la guerre,
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part.


Yuriko, à cheval, se dirigeait vers la cité la plus proche, par caprice pur ou par envie simple de voir une grande ville. Il s'agissait de la ville de Brudge (j'ai retenu le nom grâce aux choux de brudge), capitale de Kanon. Elle appréciait le pays pour ses larges routes NON pavées ; ses grands axes reliant les attrape-touristes aux agglomérations, et celles-ci entre elles.
Enfin bon. Comme elle souhaitait à la fois voir le paysage, rester discrète et ne pas contredire le MJ, elle voyageait avec un cheval, animal occidental à la lenteur désespérante mais tolérable, pourvu qu'on ait quelque chose à faire. Elle n'avait rien à faire, aussi sauta-t-elle avec plaisir et souplement de sa blanche jument quand elle vit une auberge providentielle se dresser sur la route. (le soleil couchant est derrière, comme ça, on le saura)
Entrant dans ce qui n'était finalement qu'un vulgaire relais de route, elle s'approcha du comptoir pour héler le caissier essentiel qui bavait là en attendant qu'un PJ lui adressât la parole. "Une pièce d'argent pour la nuit et le repas", déclara ce prépubère inconsistant, qui ne semblait point tenir la jambe de ses clients, mais l'établissement. Comptant avec scepticisme ses cinq pièces de bronze, (1 PA = 100 PB) Yuriko décida de s'en remettre à son ami de toujours, celui qui l'a toujours secourue dans les moments difficiles et mémorables : le plus pur des hasards.
Pour personnifier ce hasard impalpable, elle s'approcha d'un jeune et donc engageant aventurier, aux cheveux soyeux quoiqu'abondants qui rampait en bavant autour du comptoir et lui déclara en substance, avec une pièce dans la main : "Si c'est face, vous me payez la nuit ; si c'est pile, je vous donne tout mon argent."
Pile.
Heureusement, une jeune femme passant par là, cachée derrière son 95b et le blanc de son costume lavé au skip machine cousu de croix rouges d'altermondialiste bornée, lui tendit une pièce d'argent accompagnée d'un sourire croulant d'humanisme et de charité chrétienne, comme celui d'un scout qui fait sa BA. Yuriko, circonspecte, remercia la pin-up sans plus de cérémonie, et accepta quelques secondes après la proposition de l'aventurier, qui voulait purement et simplement payer la nuit à tous les homo sapiens là présents. "open bar pour tout le monde !"
Yuriko perdit la pièce d'argent en pariant à nouveau sur des vétilles. Un type louche (à vue d'oeil, de plus de trente ans !) l'aborda, et lui demanda, en gros, si tous les japs étaient aussi dépensiers et impulsifs qu'elle, ou s'il s'agissait d'une tare comportementale personnelle. Elle détailla son visage : il la regardait avec l'air émerveillé et candide d'un enfant face à une confiserie, mêlé de l'air ahuri d'un simplet qui demande "c'est grave, docteur ?" quand le toubib vient de lui dire qu'il a un cancer. Non, répondit-elle, pas plus que les occidentaux ne passent tous leur temps à poser des questions à la con. Il griffonna quelque chose dans son carnet.
Bref, tous les quatre firent connaissance en discutant et s'invectivant autour du comptoir.

Suite...

Yuriko Kawamura (c'est pas moi qui ai choisi le nom.) vient du Phaïon, elle est née dans la communauté immigrée du Lannet. C'est une combattante à mains nues (tao) capable de courir le 100 mètres en 3.75 secondes et pouvant voler de manière illimitée grâce à son énergie interne. Elle ne peut pas sentir les vieilles personnes et a développé une étrange addiction pour les jeux d'argent.
Léander Cornelius est un savant quelque peu bretteur (touche-à-tout), curieux et appréciant le confort. Urbain et agréable dans toutes les situations, ses questions incessantes demandent à ses compagnons un effort permanent pour ne pas l'attacher et le bâillonner comme le barde dans Astérix. Il vient d'Ilmora.
Sainte Jedidah, alias Skyla Abernithy est, comme son nom l'indique, une sainte reconnue par l'église (touche-à-tout) ayant, entre autres, la possibilité de voir par les yeux des animaux et de soigner chaque jour jusqu'à 800 points de vie répartis comme elle le souhaite. Elle voyage incognito, et accompagnée d'un renard qui remplirait mieux l'office de doublure de blouson, mais moi, ce que j'en dis...
Mannrig est un homme des bois (explorateur) ayant vécu seul dans la forêt pendant 27 ans. Il connaît de fait assez mal les mœurs des gens civilisés et cela peut donner naissance à quelques quiproquos tragiques. Il sait manier son arc, et un grand bâton de bois, assez dur pour briser des os, si je ne me trompe pas.

Yuriko apprit que la bombe sexuelle qui lui avait donné une pièce pour passer la nuit n'était pas une actrice porno, mais un médecin du nom de Skyla, et que le type qui payait l'open bar était une sorte de sauvage appelé Mannrig, ressortant d'une vingtaine d'années de survie en autarcie dans la forêt. L'autre était une sorte d'érudit impatient de découvrir si le monde était bien comme on lui avait appris à sciences po'. Les érudits et autres intellectuels finissant tous un jour ou l'autre comme des rats de bibliothèque à moitié sourds et croulants de rides, Yuriko ressentit pour celui-là une vague sympathie mêlée de pitié, un peu comme celle que l'on ressent face à ces quelques vieux mendiants revendiqués et fiers de leur décrépitude. Elle se contenta de leur dire son nom, par une prudence habituelle plus que consciente. "Si je savais manier les armes, j'aurais des armes.", dit-elle sans trop se mouiller.
Ils se levèrent finalement les uns après les autres, ou les autres après les uns, et puis merde, un à un, et allèrent se coucher. Avant dodo, femme-médecine vouloir jouer luth. Femme-brutale pas d'accord. Ouvrir porte sans frapper, et dire "moi casser luth ou phalanges de toi ? Pas savoir. Toi réfléchir avant de continuer" Puis fermer porte.
Le lendemain matin, Yuriko réveilla ceux qui avaient décidé de l'accompagner. (La drag-queen allait elle aussi à Brudge ; Mannrig n'avait nulle part où aller, mais lui et Yuriko s'entendaient assez bien ; et Léander, on s'en tape.) Ils partirent en vitesse, sans rater leurs tests d'équitation, ni la navette n° 13 pour le centre-ville, après que l'aventurier intrépide eut démoli sa chambre et ravagé ce lit de paille, trop profond à son goût. Le voyage se passa chichement mais agréablement, jusqu'au matin du huitième jour, où Dieu créa la femme pour corriger son erreur. Le matin de ce huitième jour, donc, il ne se passa strictement rien d'intéressant. Et même le soir, c'était pas transcendant, ce qu'il s'est passé. En fait, ils ne trouvèrent tout simplement pas d'auberge où passer la nuit. Skyla proposa sa tente pour quatre, mais une bruine perverse sembla décider Léonard le génie à poursuivre la route jusqu'à trouver une habitation pour passer la nuit et sauver ses trop périssables livres. Avec un soupir, Yuriko le suivit. Pourquoi l'avait-elle réveillé ? Elle aurait plutôt dû lui lâcher une commode en chêne massif sur le crâne. (il y a cinq accents circonflexes dans cette phrase !) Bref, elle arrêta l'érudit quelques kilomètres plus loin, et le descendit de son destrier en le traînant par la peau du cou jusqu'à la tente, que Mannrig venait de monter à la vitesse du son. "Mais vous êtes dingue ? Lâchez-moi ! Et où allons-nous attacher mon pur-sang ?
-On trouvera bien quelque chose... répondit-elle, puis, agacée, Mais voulez-vous bien rentrer dans cette tente, animal ?"
Un peu plus loin, la grue et Mannrig se disputaient. Ils ont vu quelque chose ? Elle lui a marché sur le pied ? s'interrogeait Yuriko. Puis, elle se tourna vers l'intello malmené, et lui dit avec un sourire "Je vous parie mon cheval que c'est une histoire de cul !
-Je ne parie jamais, répondit-il après un silence pudibond de circonstance. Question de principes.
-Mon cheval, plus une pièce d'or", surenchérit-elle avant de voir une fumée noire derrière une petite colline proche. Juste après, Léander la vit, et s'écria "Une habitation ! La civilisation, à nouveau", puis il courut dans la plaine en arrachant ses vêtements, traversant nu le champ de marguerites et, seul face à la mer et au ciel déchaîné, il défia Dieu de lui montrer l'au-delà. Le ciel noir hurlait comme si il n'avait été que l'aile d'un immense corbeau, et la foudre frappa. Une immense vague, fruit de la colère de tous les éléments et de leur maître, monta jusqu'aux nues pour finalement s'effondrer dans l'impuissance avant d'avoir atteint son but. Mais d'autres vagues apparaissaient et déjà remplaçaient le premier tsunami de rage. Un maelström immense et majestueux se formait dans le ciel, et l'homme le contemplait. Il était nu et fragile face à l'absolu, et pourtant, il ne tremblait pas, car il savait maintenant qu'il se trouvait là où il devait être.
Euh, non, pas exactement.
En fait, il se dirigea vers la colonne de fumée, suivi par Yuriko, alors que les deux autres préféraient rester, l'une dans SA tente, l'autre dans SON herbe. (de l'herbe tout ce qu'il y a de plus gazon) Le duo dépassa une butte bosquetée, et aperçut une chaumière à côté de laquelle une silhouette difficilement perceptible rentrait du bétail. Yuriko, confiante, et Léander, euphorique, s'y rendirent en pressant le pas. Quand ils arrivèrent à la hauteur de la maison, son occupante avait déjà rentré ses bêtes ainsi qu'elle-même. Léander frappa à la porte, qui ne tarda pas à s'ouvrir.
Yuriko se figea : un monstre sans âme se tenait devant eux. C'était comme si van Gogh avait peint la déliquescence humaine et qu'elle avait soudain pris vie. La chose avait une face ronde et flétrie comme une pomme blette, une peau cireuse tachetée de moisissures, des filaments épars et gris qui parsemaient son crâne macabre d'ombres fines et un abominable orifice buccal comme seul Edgar Poe aurait su le décrire : une commissure infectée où quelques crocs jaunes, cassés et puants finissaient de pourrir ; une bouche de vieux porc en décomposition. Tournant vers Yuriko ses yeux au trois quarts morts, évoquant à la fois les cavités de Benoît XVI et un cabillaud crevé sur la glace de la poissonnerie d'un supermarché, la vieille femme demanda avec la voix d'une poupée en porcelaine dans un film d'horreur : "Ouuiiiii ? C'est pourquooiiiii ?"
Sentant son maigre repas s'agiter, Yuriko se retourna et vomit copieusement dans l'herbe. "Vous vous sentez bien ? demanda l'érudit avec étonnement.
- Pas trop, non... Je vais vous laisser, répondit Yuriko dans un borborygme suivi d'une deuxième vague. Puis elle commença à courir à la vitesse limite d'un poids lourd sur une quatre voies. S'efforçant d'oublier ce qu'elle venait de voir, elle retourna à la tente pour s'y enfermer. "Que se passe-t-il ? demanda Mannrig, étonné.
-Là-bas, il y a une maison, et dans cette maison, il y a une vieille ! Cria Yuriko, encore en état de choc.
-Une vieille ? C'est quoi, une vieille ? Demanda l'homme des bois.
-Les vieux sont répugnants ! Ils sont dangereux, laids, odieux, repoussants, traîtres et cupides. Ce sont des êtres humains qui ont vendu leur âme et se transforment progressivement en cadavres, répondit-elle avec dégoût.
-Quelle horreur ! C'est une sorcière ?
-Au moins, affirma Yuriko avec véhémence.
Cette nuit-là, elle ne dormit qu'une heure, en faisant des cauchemars, et monta la garde le reste de la nuit.
Au matin, Mannrig et Skyla s'en furent chercher Léander. Le premier tenait son arc, ses muscles et rien d'autre bandés, tandis que la seconde était assez confiante, refusant de croire Yuriko sur le péril pour l'humanité que représentaient les vieux, et persistant à croire qu'ils n'étaient pas maléfiques. Ils revinrent avec l'érudit environ vingt minutes plus tard, mais celui-ci leur annonça qu'il avait oublié son sac, et repartit en se pressant. Yuriko attendit à nouveau en compagnie des deux autres. Une demi-heure passa. La bimbo en drap blanc partit en direction de la maison. Cinq minutes plus tard, le renard se présenta à ceux qui attendaient. Il tentait visiblement de communiquer. "Tu crois qu'il faut qu'on en fasse une fourrure ?" demanda Mannrig, peu porté sur les petites bêtes cromignonnes. Le renard fit un tour sur lui-même, et partit vers la maison. Ils le suivirent et retrouvèrent le mannequin publicitaire, qui leur dit que la vieille femme venait de rentrer le cheval de Léander. Sur ce, elle s'approcha de la maison. L'aventurier banda son arc, et lui dit "si tu lèves la main droite, je la bute, ok ?"
Yuriko risqua un coup d'œil : l'infirmière siliconée toqua à la porte, puis entra. Fini. Ils attendirent dix minutes, puis, ne la voyant pas réapparaître, ils s'approchèrent. Yuriko contourna la masure, et tenta à plusieurs reprises de défoncer la porte de la grange, sans remarquer la poignée.

Suite...

Après s'être fait correctement mal à l'épaule, elle retourna près de la porte d'entrée, avec une grimace douloureuse. La vieille était étendue dans l'entrée, assommée. Yuriko l'enjamba prudemment, et se dirigea vers la porte de la cuisine. Elle y retrouva Mannrig, il cherchait à enflammer des morceaux de chaise avec son briquet à amadou, sans remarquer la cheminée et le feu ronflant qui y consumait quelques bûches.
Une théière fumante avait été placée là par un destin farceur et cruel. Mais où était Skyla ? Cherchant des yeux une ouverture, elle nota qu'un escalier lumineux en parquet clair montait vers le premier étage, alors qu'un escalier sombre entouré de murs de terre humide s'enfonçait vers une probable cave. La porte de la cave étant ouverte, Yuriko commença à descendre prudemment, en lévitant à dix centimètres au-dessus des marches, car l'escalier était branlant, et qu'elle n'était point particulièrement obsédée. Elle gardait les mains sur le mur, mais la lumière défaillante la fit remonter après seulement dix mètres à progresser de cette manière.
Arrivée en haut, elle fit maladroitement semblant de marcher devant l'aventurier qui se battait toujours avec son bricolage minable, ayant maintenant entre les mains quelque chose qui ressemblait à une nappe attachée à un pied de chaise. Yuriko s'approcha du brasier, prit l'extrémité non enflammée d'un des tisons qui se trouvaient déjà dans l'âtre et repartit dans la cave, munie de sa torche improvisée.
Elle y voyait bien mieux, mais pas encore suffisamment. Après une longue distance en flottant de manière fantomatique dans la cage étroite, elle sentit sur sa cheville une légère pression, puis un choc violent derrière la tête. Elle lâcha sa torche pour mieux se prendre le crâne à deux mains, hurlant silencieusement de douleur. Aïe. Aïe. Aïeuh ! Toujours en se massant le l'occiput, grimaçante, elle ramassa sa torche et éclaira la scène. On avait tendu une corde à hauteur de genou, qui déclenchait à la plus petite pression un rouage étrange. Elle dirigea la lueur de sa torche vers le plafond : un roc s'était déplacé brutalement, pour venir lui démolir la tête. "C'est réussi... et salement vicieux", pensa-t-elle en remettant les idées en ordre dans son crâne malmené.
Elle brûla la corde pour éviter à d'autres de tomber dans le même piège avec moins de chance, puis continua à descendre, mais plus prudemment. Toujours en volant, elle se colla au plafond et descendit ainsi jusqu'au bout du tunnel en surveillant les marches éclairées pour repérer d'autres joyeusetés du même acabit. Prudence non superflue, puisqu'elle vit bientôt une deuxième corde tendue de la même façon. Se plaquant au sol, elle mit sa torche en dessous, de manière à déclencher le piège sans risquer une nouvelle bosse à l'arrière de la tête, ou pire, un évanouissement. Un bloc de pierre vint frapper l'air à hauteur de tête, alors qu'un autre faisait de même, mais à hauteur de genou. Yuriko poursuivit son chemin au plafond, regrettant que le lecteur mp3 ne fût pas encore inventé, car la B.O. de spiderman eût parfaitement collé à l'ambiance. Elle finit par arriver à la cave. Regardant à droite et à gauche, elle aperçut des tonneaux, des caisses et du bois de chauffage en quantité. Elle s'approcha alors d'un tonneau, et l'ouvrit, révélant un fort parfum d'alcool. Tenant sa torche à une distance prudente, elle ouvrit les autres cuves : elles semblaient toutes contenir la même substance. Dans l'une d'entre elles, Yuriko trempa deux doigts et goûta : pas de doute possible, c'était bien une gnôle infâme de vieille femme frigide et d'autant flétrie par les années que celles-ci font mûrir les vieux fûts.
Elle s'approcha des caisses, mais sa torche était à l'agonie. Vite, elle prit un deuxième morceau de bois pour tenter de transmettre la flamme, mais arriva, hélas, à l'impressionnant score de 19 en habileté manuelle. (MJ : "pchiit !") Une seconde après, toute lumière s'éteignit. La seule lueur survivante était l'incandescence timide des quelques braises restantes de feu la torche aimée.
Yuriko, sans se départir de son calme, laissa tomber ses bouts de bois et tenta d'estimer l'endroit où se trouvait encore la sortie une seconde auparavant. Elle s'y rendit et toucha du bout des doigts le mur de terre. Tâtonnant un peu, elle trouva tout de même la récalcitrante encadrure de la sortie. Elle se plaqua à nouveau au plafond et commença à remonter prudemment.
Après avoir rampé quelques dix minutes comme un ver immonde dans un cadavre frais, Yuriko aperçut la lumière au bout du tunnel. L'obscurité sournoise, dantesque, maternelle et angoissante se dissipait lentement, à mesure que la gracieuse lumière lui brûlait délicieusement les pupilles. Elle avait l'impression de humer de l'air frais après avoir réchappé d'une noyade dans les eaux sombres, froides et salines d'un profond océan. Comme sa vue s'adaptait à la lumière, elle distinguait mieux cette petite tache, comme un scotome dans l'œil d'un ange.
Yuriko ferma un instant les paupières, et les rouvrit. Sous le choc, il lui sembla que son cœur avait cessé de battre pendant dix secondes, le temps qu'une expression de terreur innommable la dévisageât et qu'un long cri d'agonie d'existentialiste athée cancéreux en phase terminale lui dégorgeât les cordes vocales. "Ah, c'est toi", dit Mannrig en abaissant son macabre bouclier. Il avait enfoncé une corde dans la bouche de la vieille et s'en servait pour la tenir comme une marionnette scabreuse. "Ne t'inquiète pas, elle est évanouie, tenta l'aventurier, comme pour s'excuser.
-Parce que c'est toujours vivant ?!" demanda Yuriko en sursautant et en remontant la plus vite possible dans la cuisine. Elle respira plusieurs fois à fond pour se calmer, et parvint à rapporter à Mannrig ce qu'elle avait vu en bas. Skyla n'y était probablement pas, ou bien peut-être dans une des caisses, mais cela était peu probable. Il traîna le corps inerte sur la table, et commença à arroser le visage de l'ancêtre de thé bouillant. La victime se réveilla en hurlant. "Vous voilà enfin éveillée, dit-il avec un grand sourire, veuillez arrêter de crier, c'est très gênant." Il continuait à verser du thé bouillant sur la vieille paysanne bruyante, et tentait de la calmer en la fracassant contre des objets contondants. Yuriko ne put pas surmonter sa révulsion plus longtemps et monta à l'étage en sentant la bile monter. (MJ : "Un truc inhumain qui pousse des cris inhumains.") À l'étage, elle ouvrit la première porte, entra et referma derrière elle. "Enfermée avec un dingue dans une maison remplie d'une vieille, se dit-elle, mais pourquoi est-ce que je me suis arrêtée à cette auberge ?" Elle reprit une part de son calme, puis détailla la pièce. C'était une chambre assez bien rangée, quoique le lit fût légèrement défait et qu'un sac y trainât. Yuriko l'ouvrit : des livres et des notes : c'était le sac de leur compagnon. Et lui, où était-il ?
Elle sortit et ouvrit la seconde porte de l'étage. Il y avait quelque chose d'étrange, ici, qui l'empêchait d'entrer. (MJ : "Quelque chose dans l'odeur te dit que c'est là qu'elle dort.") Elle referma la porte avec empressement et, ayant pris le sac de Léander, elle se dirigea vers l'escalier pour redescendre

Suite au prochain épisode. (et je ne pense pas que je ferai aussi long)

2 commentaires:

RaianOnzika a dit…

XD ! C'est sûr qu'avec 10 en apparence, elle le mérite bien son 95b ma sainte XD !
Etais-je donc si mauvais RPyeur pour réussir à dissimuler ma vraie nature ??? O_O
En plus, je voyage sous couverture XD ! Je n'ai pas de tenue de sainte purement déployée. ><°

Spieler a dit…

Tu notes que je ne l'ai pas appelée "sainte".
Non, non, personne ne le sait.