mardi 13 octobre 2009

Les champignons atomiques.

18/09/2009

La plupart des fuyards s'assirent immédiatement après que Dietrich eut déclaré une halte. Ils couraient depuis un peu plus d'une demi-heure à un rythme soutenu, avec les ailes que donne la peur. Certains étaient couverts de boue des pieds à la tête, d'autres avaient la peau lacérée par les ronces, et tous tentaient de récupérer leur souffle comme ils pouvaient, sauf peut-être Néro, aussi increvable que d'habitude.
Ils ne pourraient pas continuer comme cela indéfiniment. Les créatures étaient peut-être déjà à leurs trousses. Nalya, lévitant par la force de son esprit à environ un mètre au-dessus du sol, cherchait nerveusement une solution. Pour la discrétion, c'était pas tout à fait ça, mais on avait d'autres soucis plus immédiats. Elle se concentra un petit moment, puis dissocia son esprit de son corps. "Qu'est-ce que tu fais ?" demanda une voix dans sa tête. C'était Néro. Il ne regardait pas le tas de matière organique inerte et endormi qui flottait dans les airs, mais bien l'ectoplasme éveillé qui se trouvait maintenant juste à côté. "Je vais retourner du côté des roulottes, histoire de situer un peu les bestioles, répondit-elle, et de savoir si le danger est proche. Tu préviens les autres, si quelqu'un essaie de me parler, d'accord ?
- Ok, je fais ça."
Les arbres , les feuilles et la boue se mélangèrent alors que l'avatar spirituel de Nalya fusait à travers la forêt, méprisant les obstacles matériels. Après cinq minutes à voler silencieusement en direction de l'endroit où ils avaient laissé leurs véhicules, elle reconnut la côte que la plupart de ses compagnons avaient descendu en se vautrant dans la boue lors de la débandade initiale. Il y avait encore l'empreinte imprimée dans la terre meuble du visage de Néro et le sang de Virgil sur les cailloux, en bas. (ça s'appelle une maladresse au jet d'athlétisme) Heureusement que Dietrich et Myllenia étaient passés derrière pour le récupérer. Avec prudence, la projection spirituelle prit son envol et s'éleva jusqu'à dépasser de quelques centimètres la cime des arbres. Puis elle s'approcha de ce petit sentier à flanc de colline où elle avait été contrainte, une demi-heure avant, d'abandonner sa précieuse et confortable roulotte.
Sans surprise, il n'en restait pratiquement rien. Enfin, dans un sens, c'était surprenant, parce qu'il aurait dû en rester quand même quelques gros morceaux épars, ainsi que des objets en métal pas trop endommagés. Tandis que là... Il n'y avait que des débris de bois au sol, ici un bout de roue, et ailleurs un livre déchiré ou des lambeaux de tissu. Trois des créatures étaient présentes, et semblaient occupées entre elles, leur gueule dégoulinant de sang et de pattes de chevaux. Nalya put les observer un peu plus attentivement : c'étaient des quadrupèdes de la hauteur d'un être humain adulte, longs, larges et massifs. Elle hésitait même à les qualifier de quadrupèdes, tant leur anatomie semblait défier les lois physiques. Leur thorax s'ouvrait en son centre pour former une gueule béante, dont les crocs longs n'étaient rien moins que des côtes, et leurs muscles apparents, non recouverts de peau, étaient parsemés de trous illogiques. Jamais notre monde n'aurait pu engendrer de pareilles chimères, se surprit-elle à penser en considérant ces fascinants êtres vivants. Au fait, où étaient les deux autres ? Il y en avait bien cinq, pourtant... Elle s'éleva quelque peu dans les airs, et s'approcha d'un bosquet un peu bruyant. Les deux autres monstres étaient là. Le premier d'entre eux poussait des cris en se hissant sur ses pattes arrières, un peu comme l'aurait fait un ours, sauf qu'un ours ne braille pas par la poitrine. Le second, lui, aurait plutôt évoqué un chien. Il cherchait des pistes, à l'endroit précis où ils avaient fui. Soudain, il sembla avoir trouvé, et s'engouffra dans les fourrés, à la recherche de ses proies. Charmantes bestioles...

On aurait dit qu'elle dormait. D'ailleurs, c'était peut-être le cas, quoique seules quelques dizaines de minutes se fussent écoulées. Alors que Virgil contemplait depuis plusieurs minutes, fasciné, le corps lévitant de Nalya (d'ailleurs, c'était sûr, elle dérivait lentement vers la gauche.), celle-ci ouvrit brusquement les yeux, avant de les fermer, de les frotter puis de les rouvrir, comme pour faire la netteté. Les monstres -Des aberrations, précisa Dietrich- venaient de quitter le chemin pour s'engager sur les traces de leurs proies. Il allait pas falloir traîner, sans quoi ils connaîtraient vraisemblablement le même traitement que les chevaux. Virgil eut un léger frisson en se rappelant les hennissements de douleur qu'ils avaient entendu pendant leur fuite. Des hennissements particulièrement longs et évocateurs. À en croire l'expérience -et c'est pas un petit joueur- de leur guide touristique, même à sept, ils auraient peiné à en abattre un seul. Alors, cinq...
Soudain, le pyromancien eut une idée, et sourit pour lui-même, pendant qu'autour de lui ses amis s'affairaient. Que tout le monde écoute, fit une voix. Il releva la tête : c'était Paola.

Je m'occupe bientôt de résumer la fin en style "notes"

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