mardi 26 mai 2009

Dans les rues de Brudge.

23/05/2009

« Mon nez, mon nez ! » gémissait l’agresseur qui n’y semblait plus. Jetant un coup d’œil, Yuriko s’aperçut qu’en effet, son nez, il saignait beaucoup. Ce n’était pas joli à voir. Elle l’aida à se relever et déclara en substance, s’adressant à la doc’ : « heuuum t’as vu ? Il a le nez cassé, il a dû mal tomber. Tu peux pas le lui remettre à peu près droit ? » Elle pouvait, si. Cachant ses mains (luisantes) sous sa robe, elle commença à réparer le type avec ses capacités étonnantes. Qu’est-ce que c’était que ça ? Un usage inconnu de l’énergie interne ? De la magie ? Ou autre chose ? Le blessé allant mieux, Yuriko lui posa la main sur l’épaule et voulut savoir pourquoi, au grand pourquoi, il s’amusait à larder de coups de couteau les passants honnêtes. Chacun ses hobbies, mais bon, quand même ! Impossible de lui tirer les vers du nez. (oui bon bah ça vaut ce que ça vaut) Il marmonna vaguement que ce type leur devait de l’argent, mais ne voulut même pas préciser combien. C’était même pas un assassin, il cherchait juste à se débrouiller, comme tout le monde, aussi lui dit-elle de s’enfuir. Après tout… chacun ses méthodes, et chacun ses lois. Elle s’aperçut que Mannrig avait également relâché le sien, non sans l’avoir esquinté, et que lui-même avait une sale blessure à la main. De celles qui font mal, bien sanguinolente et bien ouverte comme il faut.
Skyla finit de soigner la victime de l'agression, et ils lui posèrent quelques questions. C’était un marin sans histoire et sans intérêt, qui disait n’avoir rien à voir avec ces gens, et ne pas savoir ce qu’ils voulaient. Il fila sans demander son reste. Le dernier assassin amateur fut interrogé avec plus d'insistance. Kendrick, il s’appelait. Léander finit, à force de tergiversations, par le convaincre de leur dire ce qu’il savait. Le marin qu’ils avaient laissé filer avait gagné gros à l’occasion de quelque loterie, c’était pour ça, en fait. Tout s’expliquait. Cependant, Léander avait l’air de penser qu’on doit nécessairement manquer d’argent pour en vouloir encore plus, et l’interrogea à nouveau dans ce sens. Ils étaient endettés auprès d’une organisation criminelle, et de fait obligés de trouver en vitesse une forte somme d’argent pour sauver leur propre vie.
Ce type n’avait strictement rien d’un tueur, ni l’état d’esprit ni le savoir-faire. À cause d’eux, il allait même probablement se faire dessouder par ses supérieurs. Yuriko lâcha un soupir. Partout, vraiment, la pègre était la même. Il était mort de peur, n’avait jamais pris contact avec eux : c’était toujours lui qui était contacté. Fort bien ! Ils allaient donc l’accompagner chez lui, et décider là-bas de ce qu’ils allaient faire. Visiblement, cela ne lui plaisait pas du tout, mais on lui fit comprendre que ce n’était pas vraiment une proposition.
Kendrick les conduisit donc à sa crèche. À mesure qu’ils avançaient, les ruelles se faisaient plus sombres, les façades plus misérables et les fenêtres plus condamnées. Il les mena jusqu’à une misérable masure, où il détailla un peu sa situation. Il avait environ quarante pièces d’argent de dettes. Quoi ? Seulement ? ne put s’empêcher de penser Yuriko en se rappelant les ardoises faramineuses qu’à l’occasion elle avait laissé impayées dans plusieurs établissements du Phaïon ou du Gabriel. Sans compter l'argent qui lui resterait, elle lui en donna cinquante, « et vous me refaites la déco et le mobilier. » Il aurait préféré fuir, et d’ailleurs, s’il partait maintenant, il pourrait peut-être leur échapper. Ok, ben bonne chance, alors. Tenez, si vous envisagez de vous installer à l’étranger, voici une adresse utile. Dites que vous venez de ma part.
Puis il s’en fut. Yuriko repensa à ce pourquoi elle était venue à Brudge. Acheter un bateau et partir vers le sud en longeant la côte. S’arrêter aux différentes îles, se poser, découvrir, repartir. Voyager, quoi. Elle leur fit part de ce projet. Léander sembla intéressé, Mannrig, pas opposé, mais Skyla… refusa net. Elle marmonna qu’elle avait une mission ici, etc. mais devant l’incompréhension flagrante à laquelle elle se confrontait, elle défit sa pelisse et s’en débarrassa. « Me reconnaissez-vous ? » demanda-t-elle.
- Non. Répondit Yuriko. Je devrais ? »
Elle avait l’air catholique, ou quelque chose comme ça, avec cette grosse croix sur sa poitrine. En fait, elle portait des vêtements du genre moine, mais pour femme. À côté, Mannrig semblait lui aussi empreint d’un certain scepticisme. Enfin, bon, ce que Yuriko avait d’abord pris pour un croisement (plutôt réussi, d’ailleurs) entre un prêtre et une top-model se présenta à nouveau, sous le jour plus étonnant, il faut l’avouer, d’une sainte reconnue et appréciée, comme l’huile de ricin, pour ses qualités curatives, (sauf que l’huile de ricin est une purge, mais c’est pareil) c’est-à-dire une sous-espèce d’ange, vraisemblablement. Les anges étant des hommes-oiseaux à fâcheuses tendances évangélistes, celle-ci avait probablement hérité de ces quelques vertus. Il faudrait vérifier à l’occasion si elle n’avait pas des plumes dans le dos. Sainte Jedidah, c’était son nom, avait à l’en croire été envoyée ici par quelque autorité épiscopale pour enquêter sur l’avènement prochain d’un agent de l’Apocalypse dans la région du Kanon, rien que ça. Et c’était quoi un agent de l’Apocalypse ? Un meuchant qui risquait de faire sombrer le pays dans le néant, pour ne pas dire la corruption. C’est sûr qu’avec un nom comme celui-là… Mentir, pensa Yuriko, cela ne lui ressemblait pas trop, mais elle pouvait parfaitement être folle à lier, ce qui aurait même expliqué pas mal de choses. Il n’y avait qu’à voir comment elle réagissait quand on lui proposait une simple partie de Poker, ou de prendre une décision à pile ou face. Incroyable ! Enfin… ce voyage pouvait bien attendre, elle n’était pas pressée. Quant à la sainte, si c’en était bien une, ben… il n’y avait qu’à rentrer un peu dans son délire, histoire qu’elle se sente soutenue et qu’elle ne nous fasse pas une tentative de suicide le jour où elle se rendrait compte qu’elle était juste dingue. Les fous, faut les aider, ça les rassure, et les gens en général considèrent qu’une erreur est moins grave si elle est faite à plusieurs. Yuriko ne lui demanda même pas d’où provenait l’info, tant il semblait évident qu’elle était le fruit d’une cave mentale malmenée, tout simplement.
Elle suggéra d’attendre ici même la venue des types qui s’amusaient à manipuler Kendrick et les autres, et de les interroger pour savoir s’ils n’avaient pas des indics, des « balises » susceptibles de fournir des renseignements sur tout et n’importe quoi, et surtout n’importe qui. Mannrig était d’accord pour attendre, mais la sainte et l’érudit pensaient faire quelques recherches à la bibliothèque. Bon, pas de problème, et tiens, Léander, profites-en pour me ramener un livre, s’il te plaît. Ils sortirent. Pfouu. Elle allait devoir attendre avec le sauvage tout l‘après-midi, aussi alla-t-elle chercher un cubi de bière et deux chopes à la beuverie du coin, avant de revenir. Mannrig s’ennuyait, et accepta de jouer au Poker avec elle. La vache ! Il était bon, maintenant ! Pensait-elle en allumant son dernier cigare.
Après quelques parties ; après que le cigare eut changé plusieurs fois de lèvres, Skyla et Léander reparurent. Sans l'ombre d'un bouquin avec eux, bien sûr, cela aurait été trop beau. La sanctifiée précoce avait galvaudé sa fin d'après-midi à chercher dans pleins de livres plus ou moins évangélistes (décidément, c'était une vraie obsédée !) des indices concernant le jugement dernier, l'apocalypse, la fin du monde, les sectes déclarées (...ouais.) du Kanon, et autres cultes satanistes connus dans la région. Autant dire qu'elle n'avait pas trouvé des masses d'info. Et maintenant, on faisait quoi ? Et maintenant, répéta Yuriko, on appliquait ce qu'elle avait déjà dit, à savoir qu'on allait attendre que le racketteur de Kendrick se pointe et lui faire cracher les noms de ses informateurs habituels, pour aller poser quelques questions à ces derniers. Quoi ? Il était hors de question que Skyla Abernithy se mêlât à la pègre, même pas en rêve. Yuriko n'en pouvait plus : quand elle l'aurait trouvé, son missionnaire satanico-antéchristianiste, elle allait lui demander, s'il te plaît, s'il pouvait repartir d'où il venait, et tout serait réglé ? Rêve pas, mater sancti, il faut savoir ce qu'on veut, dans la vie. Rien à faire. Elle ne voulait pas entendre raison, et Yuriko en était à se demander si ce n'était pas là ce qui distingue les Chrétiens des gens normaux. Il lui fallut battre Léander à pierre, papier, ciseaux pour qu'ils acceptent de rester, de mauvaise grâce.
Entre dix-neuf et vingt heures, elle dormit pour être opérationnelle la nuit, puis recommença à faire jouer Mannrig. Autour de vingt-et-une heures, leur patience fut récompensée quand, après un groupe d'ivrognes titubants, des pas assurés s'approchèrent de la porte, et que quelqu'un la frappa violemment. (la porte) Yuriko se plaça à côté, de manière à voir arriver l'intrus, pendant que Mannrig se glissait dans les ombres, que Léander se mettait en face, et que Skyla s'asseyait vers le fond de la pièce, pas bien grande à vrai dire. Le sauvage entrouvrit la porte d'un geste furtif, et un homme avec une petite barbe et un long manteau noir entra. "Vous cherchez quelque chose ? demanda Yuriko, dans la semi-pénombre que seules éclairaient quelques bougies mourantes.
- Où est Kendrick ? Vous l'avez tué ? demanda-t-il en dégainant une arme qu'il pointa vers ses interlocuteurs visibles.
- Non, mais laissez tomber, vous ne le reverrez pas." Il y eut un petit bruit, et le criminel tira de son fourreau une deuxième lame qu'il orienta vers Mannrig. "Pas de blagues, dit-il. Que voulez-vous ?
- Vous parler, dit Léander. Obtenir quelques infos." Enfin, bon, il était méfiant mais finit par leur donner rendez-vous dans une taverne proche, le lendemain soir. C'était une mauvaise idée ; il allait leur filer entre les doigts, et ça, il n'en était pas question. Yuriko essaya de l'attraper par l'épaule avant qu'il ne disparaisse, pour le forcer à discuter avec eux ici et maintenant, mais il se dégagea et partit. "À la taverne Bidule, c'est d’accord. Soyez-y." lança-t-elle en guise de capitulation, avant qu'il ne fût hors de portée de voix.
Puis elle rentra dans la maison. Bon. Tout n’était pas perdu, ils avaient rendez-vous. Mais où allaient-ils dormir ? Ici ? Oui, ici, c’était bien. Non, pas envie de retourner à l’autre auberge. Alors, ils acceptèrent de dormir dans la maison de Kendrick, qui avait tout laissé derrière lui. Bientôt, une tente fut montée au milieu de la pièce, et Yuriko s’assit sur une chaise. Elle avait déjà dormi. La nuit serait longue. Il aurait pas pu lui ramener un livre, l’autre, là ?

Fourbue. Elle était fourbue. Peut-être était-ce pour cette raison qu’elle n’arrêtait pas de perdre depuis ce matin. À sept heures, elle avait réveillé Mannrig pour lui coller des cartes entre les mains, et elle était encore en train de se faire plumer quand, vers onze heures, les autres émergèrent. Il l’avait délestée de cinquante pièces d’argent, et elle s’était même endettée auprès de lui. Cool ! Bon, qu’est-ce qu’ils allaient faire ? Déjà, ils allaient localiser la taverne où ils avaient rendez-vous, ce serait toujours ça de gagné. D’accord, dit Yuriko. Retrouvez-moi à la bibliothèque, je vous y attendrai. Elle partit donc d’un pas allègre trouver l’établissement sus-nommé, arrêtant des gosses dans la rue pour leur demander son chemin. Eux, au moins, ils n’étaient pas flippés comme leurs parents.
Une fois à la bibliothèque, elle s’arrangea avec le type de l’accueil pour avoir un délai pour payer la cotisation nécessaire à la fréquentation de l’établissement, et entra. Se dirigeant vers l’étagère des fictions et romans, elle en prit trois dont les titres lui plaisaient, et les glissa aussi discrètement que possible (càd pas très discrètement) dans son sac. Puis elle en tira un quatrième et commença à le lire. Pas très longtemps, moins d’une heure, car elle fut bientôt dérangée par les autres qui revenaient. Ils avaient trouvé. Que faire, maintenant ? « eh bien, proposa Yuriko, il n’y a plus qu’à tuer le temps, jusqu’à ce soir. »
Elle alla traîner avec Mannrig près des docks, où ils virent pas mal de bateaux différents. Il y en avait un qui était super beau. Tout blanc, tout propre. Et dur, avec ça ! La coque semblait inaltérable. Un marin assez sympa leur en fit la promotion. Rapides et puissants, fierté de l’empire, ces bateaux étaient construits dans le plus grand secret, et seuls quelques maîtres anonymes savaient les fabriquer. Ah, vous en voulez un ? Dur, dur ! D’une part, c’était certainement plus cher que ce qu’ils pourraient gagner en toute une vie, et d’autre part, il faudrait sans aucun doute une autorisation spéciale de l’impératrice. Le seul cas connu à ce jour, c’était un gagnant du Tao Zan qui avait demandé ceci en récompense. Vous ne connaissez pas le Tao Zan ? Un tournoi se déroulant à Archange toutes les x années, rassemblant les meilleurs combattants du monde. Il paraît même qu’il y en a qui volent !
Enfin, bon, il était bavard et le soleil se couchait quand ils le quittèrent pour aller au lieu de rendez-vous. C’était un quartier chaud, il y avait des individus louches, des vieux et des prostituées à chaque coin de rue. Il semblait même à Yuriko qu’on l’observait depuis les fenêtres. La sainte et Léander arrivaient du bout de la rue alors qu’ils s’apprêtaient à rentrer dans la taverne. Au moins, ils ne s’étaient pas perdus, même s’ils faisaient une drôle de tête. [Petite parenthèse : dans l’après-midi, ils se sont fait enlever par l’inquisition qui voulait quelques nouvelles de la mission de Skyla. En partant, l’un des inquisiteurs a déclaré à l’autre : « nous partons, frère Damien. » Eh ouais ! Bon, on va pas les ennuyer, eux.]
À l’intérieur, la salle était bondée, mais lorsqu’ils demandèrent une table pour quatre au patron, il la leur désigna immédiatement. Quelle chance ! Une table de libre au milieu de cette cohue ! Comme le hasard faisait bien les choses. « Vous voulez boire quelque chose ? » Oui, ils voulaient bien, mais il n’y avait que des bières. Ici, c’était la bière ou la porte. « Je prendrais une porte » dit Mannrig, très sérieusement, mais apparemment, il n’y en avait plus en stock. Ce furent donc quatre bières.
Un bon quart d'heure plus tard, et contre toute attente, le type qui leur avait donné rendez-vous se pointa en compagnie de deux malabars décérébrés du genre garde du corps, mais sans doute plus doués pour torturer que pour protéger. Ils vinrent tous trois s'asseoir à la table réservée, sans même que le barman ne prît la peine de leur proposer sa bière infâme. D'ailleurs, Yuriko n'avait pas touché à la sienne, observant avec curiosité les insectes qui y barbotaient et s'y reproduisaient. Elle leva la tête et jaugea leur homme. Il avait l'air très sûr de lui sous sa petite barbe négligée. Encore un de ces blaireaux à crête tellement fats qu'ils sont capables de se masturber devant un miroir. En guise de salutation, il leur annonça la -regrettable, vraiment- mort accidentelle de Kendrick, avant de demander pourquoi, au grand pourquoi, ils voulaient lui parler. Et merde. Il aurait fallu lui dire que oui, Kendrick était mort. Pfff... ça arrive à tout le monde, après tout, mais bon, quand même. Yuriko lui dit qu'ils cherchaient un "homme-balise", ou au pire une liste des bonshommes susceptibles de les renseigner sur tout ce qui se tramait dans la région, niveau pègre, mouvement politiques, meetings et autres sectes satanistes. Il fallait rester très vague, pour ne pas froisser Skyla, d'une part, et ne pas passer pour des illuminés, d'autre part. Les illuminés, comme leur nom l'indique, étant des cibles trop évidentes pour certains dingues du crucifix, on allait éviter de se faire ficher dès maintenant. Elle n'espérait pas vraiment de résultats concluants, non, mais au moins, ça occupait, et pendant qu'il discutait avec eux, il n'était pas en train d'égorger d'autres Kendricks, cet imbécile.
C'est alors que la très sainte Duconne D'Aubigné, avec sa prudence caractéristique, joua la carte de la franchise et entreprit d'expliquer au barbu, qui cherchait d'un regard inquiet le secours des autres face à cette folle, que dans la région allait débarquer, si ce n'était déjà fait, un agent pas très catholique et moyennement débonnaire, dit "de l'Apocalypse", au service du mal, etc. D'ailleurs, il y aurait la guerre, et les gens s'entretueraient comme des bêtes, et ils en oublieraient même d'aller à la messe, et voilà, quoi. Sans même réellement l'écouter, Yuriko s'interrogeait. Est-ce que des claques avaient réellement une chance de l'arranger ? Ou fallait-il un traitement plus dur ? Elle se souvenait d'un poison, qu'elle avait eu l'occasion de voir entre les mains de vieux maffieux qui prenaient les êtres humains pour de la marchandise, étant plus jeune, et qui dilué permettait de réduire à une sorte de légume incapable d'aligner dix mots cohérents tout consommateur normalement intelligent. Peut-être que ça, ça pourrait la calmer, pensait-elle en souriant toute seule au milieu de la discussion.
Puis elle prit le parti d'excuser la barge auprès du barbu. Elle avait eu un enfance difficile, vous savez... Et parfois, elle ne savait pas ce qu'elle disait. Au fait, n'avait-il pas ouï dire, ces temps-ci, d'un jeune premier qui monterait comme personne les marches de la criminalité, avec un sourire de playboy, comme qui dirait un agent de -vous allez rire !- l'apocalypse ? Non ? Eh bien, dans ce cas, aurait-il l'amabilité de bien vouloir nous refiler une liste de ses indics habituels ? Après, promis, on lui foutrait la paix. De prime abord, il refusa, mais sembla changer d'avis, et dit qu'il leur ferait parvenir "tout ce qu'il savait" par courrier, avec quelques contacts à la clé. (contre rémunération, cela va sans dire) Ok, c'était parfait, dans la maison de Kendrick, ça lui conviendrait ? Cela irait. Très bien, dit Yuriko en se levant, presque en même temps que ses... on va dire, compagnons de route. Ils sortirent de ce bouge puant et sale sans regrets et sans un regard en arrière. Bon, après s'être fait connaître de la sorte, une chose au moins était sûre : ils ne resteraient pas ici bien longtemps.
Quelques rues plus loin, dans la pénombre de la nuit qu'une pléthore d'étoiles habituelle faisait reluire, alors que tous les quatre retournaient chez Kendrick et que Yuriko savourait par avance un sommeil réparateur dans la maison d'un mort, quelqu'un s'écria, derrière, "Ce sont eux" d'un ton sans équivoque. Elle se retourna à temps pour voir trois hommes en noir, armés, se précipiter dans leur direction, bientôt suivis de deux autres. Yuriko décolla légèrement du sol, alors que Skyla reculait, avec un certain bon sens qui parfois, on savait pas pourquoi, survenait chez elle spontanément entre 22h et 22h30. Léander et Mannrig s'étaient avancés en dégainant leurs armes, et contenaient avec peine les assassins. Le sauvage avait pris quelques coups, quand soudain Yuriko aperçut une ouverture. Elle fusa, de manière à se trouver au milieu de leurs adversaires, et dans le dos de la plupart d'entre eux. Là, elle attaqua en tournoyant sur elle-même, sans trop regarder où. Le contact lui indiqua qu'elle en avait touché quelques uns, mais pas le temps de réfléchir, elle évita une lame, puis une deuxième, en veillant cette fois à se mettre hors de portée des coups suivants. Ces types connaissaient leur travail. Elle était presque sûre que c'était le barbu qui les leur avait envoyés. Mais ce pouvait aussi être autre chose... Yuriko regarda son bras droit. Une fine coupure rougissait sa manche. Rien de grave, mais bon. Skyla avait posé un certain nombre de question sur les sectes, peut-être cela déplaisait-il à certaines ? En bas, trois des tueurs étaient efficacement contenus par Mannrig et Léander, qui doucement reprenaient l'avantage. Elle serra les poings. Le seul moyen sûr de savoir par qui ils avaient été envoyés, c'était de leur poser la question directement, et pour ça, il allait falloir...

Suite bientôt.

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